Cameroun

Cameroun: Selon Alice Sadio,  »il est interdit de revendiquer de l’eau potable »

Alice Sadio n’a pas supporté le fait d’avoir été éjectée le 23 mars dernier par la chaine de télévision Canal 2 International, alors qu’elle était l’invité de la rubrique «Un Jour, Un évènement» du programme «Nous chez vous». C’est dans une lettre diffusée 25 mars 2016 et dont Cameroun-info.net a eu une copie qu’elle raconte sa mésaventure. Je suis invitée par le journaliste Rodrigue Tongue dans le souci de fournir d’ample explications relativess à manifestation de revendication de l’eau en quantité et en qualité le 22 mars dans la ville de Yaoundé.

«Arrivée à 10h30 dans les locaux de Canal 2, je passe normalement par la salle de «make up» avec le journaliste et nous entrons ensuite en studio tandis que Ghislain Pierre Essono annonce déjà en direct mon arrivée. Et puis coup de théâtre! Rodrigue Tongue Sort brusquement du studio pour recevoir un coup de fil au terme duquel il revient me prier, l’air abattu, de le suivre un instant. Quelle n’est pas ma surprise lorsque je l’entends me dire mot pour mot: «Notre boss vient d’appeler pour me faire une injonction de ne pas parler de l’eau… il a dit… tout sauf l’eau, qu’il a reçu trop de pressions…, je suis vraiment embarrassé Mme la Présidente…».

Je me contente alors de rétorquer à Rodrigue Tongue et à ses collègues qui avaient formé un attroupement autour de moi: «Vous êtes le quatrième pouvoir. Vous allez devoir prendre vos responsabilités si vous tenez à préserver la déontologie de votre métier. Mais soyez rassurés que, je ne me tairais pas ! J’userai d’autres moyens de communication et souvenez vous, en passant que me museler ne changera rien aux faits têtus…».

Alice Sadio s’offusque de ce que «revendiquer de l’eau potable pour le peuple camerounais est un tabou au pays de la liberté d’expression».

Cependant, «me faire taire ne changera rien aux faits têtus suivants: Plus de 80% de Camerounais n’ont pas accès à l’eau potable. Ils se ravitaillent dans des puits et des marigots, s’exposant ainsi aux maladies hydriques que sont le choléra, la typhoïde, la dysenterie, les amibiases, la polio, le ver de guinée, etc.; D’après l’OMS, le seuil d’alerte est de moins 1700 m3/ht/an tandis que le seuil de pénurie critique se situe dans la fourchette de 500 m3/ht/an. Plus de la moitié des populations camerounaises se trouvent dans ce seuil de PÉNURIE CRITIQUE».

« (…) C’est cet état de lieu désastreux de la qualité de vie des camerounais qui meurent de plus en plus à fleur de l’âge qui nous a poussé, nous acteurs politiques (Alice SADIO de l’AFP, Edith Kah Wallah du CPP et l’hon. Patricia Ndam Njoya de l’UCD) à nous joindre aux acteurs de la société civile pour crier notre ras le bol et exiger de ce régime qu’il assure d’abord le minimum vital qui est l’eau aux Camerounais avant de poursuivre leurs danses macabres au rythme des «appels à la candidature, à l’anticipation de la présidentielle et à la révision constitutionnelle» sur le dos d’un peuple meurtri par les drames sociaux quotidiens de tous ordres».


D’après nos sources, cette interdiction survient au lendemain d’un reportage sur la célébration de la journée mondiale de l’eau. Sur des extraits de la grève pacifique observée par la société civile, des acteurs de la scène politique de l’opposition auraient déclaré que le pouvoir en place doit « dégager » parce qu’il  ne fait rien pour assurer un accès à l’eau potable aux populations. Un reportage qui n’aurait pas été  du gout des caciques du régime et membres influents du RDPC, qui auraient proféré des menaces à l’encontre des responsables de la chaine de télévision.

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