Afrique

Coup d’Etat Burundi: La chasse au putschistes. La situation est inquiétante

Les chefs des putschistes burundais, qui ont annoncé à l’AFP leur reddition, ont été arrêtés ou étaient traqués vendredi, alors que le président Pierre Nkurunziza était de retour dans la capitale Bujumbura selon des sources présidentielles.


Contacté au téléphone par l’AFP, le chef des putschistes, le général Godefroid Niyombare a laissé entendre qu’ils avaient décidé de se rendre, ses hommes et lui. « Nous avons décidé de nous rendre. J’espère qu’ils ne vont pas nous tuer ».
Selon des sources sûres le président Pierre Nkurunziza serait rentré depuis jeudi au Burundi par voie terrestre après être resté bloqué en Tanzanie depuis le début de la tentative de coup d’Etat mercredi. Il serait en sécurité en attendant que la situation soit claire.
Arrestation des putschistes
Un officier supérieur de la police a en revanche confirmé sous couvert d’anonymat qu’ils detenaient trois grands  responsables du putsch . Parmi ces responsables figurent le porte-parole des putschistes, le commissaire de police Zénon Ndabaneze, qui avait aussi annoncé à l’AFP sa reddition et celle de ses compagnons, ainsi que le numéro deux du mouvement, le général Cyrille Ndayirukiye, qui avait annoncé dès jeudi soir à l’AFP l’échec du coup d’Etat.
« Nous n’allons pas les tuer »
Avant son arrestation dans une maison de Bujumbura, le général Ndabaneze avait eu le temps d’expliquer que les putschistes s’étaient séparés en différents groupes pendant la nuit: « Nous avons décidé de nous cacher pour attendre l’aube et nous rendre pour ne pas être tués ». « Il n’y aura pas de bavure », a assuré l’officier supérieur de la police: « nous n’allons pas les tuer, nous voulons les arrêter pour qu’ils soient jugés ».
Appel à manifester
En Tanzanie, Pierre Nkurunziza était allé participer à un sommet est-africain consacré à la crise politique déclenchée dans son pays par l’annonce de sa candidature à un troisième mandat présidentiel. La désignation le 25 avril de Pierre Nkurunziza comme le candidat du parti présidentiel, le Cndd-FDD, au scrutin du 26 juin avait déclenché des manifestations émaillées de violences qui ont fait une vingtaine de morts.
Mouvement populaire
Ce mouvement populaire avait été présenté par Godefroid Niyombare, ex-compagnon d’armes de Pierre Nkurunziza du temps de la guerre civile (1993-2006) burundaise, comme l’une des justifications du putsch: le général avait reproché au chef de l’Etat, déjà élu en 2005 et 2010, d’avoir pris sa décision de briguer un troisième mandat « au mépris » du peuple.
« Besoin de changement »
La société civile, en pointe dans la contestation d’un troisième mandat qu’elle juge anticonstitutionnel, a déjà appelé à redescendre dans la rue: « Par principe, la société civile est contre les coups d’Etat, mais nous notons que les Burundais ont accueilli en grande liesse la tentative de coup d’Etat, ce qui montre que le peuple burundais a aujourd’hui besoin de changement », a déclaré à l’AFP Vital Nshimirimana, chef du collectif anti-troisième mandat, lui-même dans la clandestinité. « Nous appelons les Burundais encore une fois à se mobiliser et à reprendre les manifestations », a-t-il affirmé.
Appel à quitter le pays
Jeudi soir, un haut gradé de la police avait expliqué que « les mutins (étaient) en débandade après leur attaque de la RTNB (la radio et télévision nationale burundaise) qui a échoué ». Les putschistes avaient tenté en vain à deux reprises dans la journée de prendre aux forces pro-Nkurunziza la stratégique RNTB. Pour la première fois depuis le début de la tentative de putsch, un journaliste de l’AFP avait constaté des morts – trois militaires.
Le contrôle de la RTNB était d’autant plus important que les grandes radios privées et la principale télévision indépendante n’émettaient plus après avoir été attaquées par des forces pro-Nkurunziza, selon leurs patrons.
Division
L’opposition à une nouvelle candidature du chef de l’Etat est portée par la société civile et une partie de l’opposition. Mais la candidature du président sortant divise aussi au sein du Cndd-FDD. Personnalité respectée, considéré comme un homme de dialogue, le chef des putschistes, le général Niyombare, issu du Cndd-FDD, avait lui-même payé pour avoir déconseillé à Pierre Nkurunziza de se représenter: nommé en décembre 2014 à la tête du Service national de renseignements, cet ex-chef d’état-major avait été limogé trois mois plus tard.
 La communauté internationale a condamné la tentative de putsch, des Etats-Unis à l’ONU. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé au calme. Les quinze membres du Conseil de sécurité ont condamné « ceux qui cherchent à s’emparer du pouvoir par des moyens illégaux » et appelé à des « élections crédibles ». Le Burundi tient des législatives et communales le 26 mai, avant la présidentielle du 26 juin.

Hippolyte YEO

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