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Comment Haïti a versé 21 milliards de dollars à la France pour préserver son indépendance

Haïti était autrefois l’un des pays les plus riches au monde, mais il a dû payer pour son indépendance pendant plus d’un siècle, ce qui aurait conduit à son état actuel de pauvreté.

Les Français, la dette de l’indépendance et les catastrophes naturelles ont fait d’un pays autrefois riche l’un des plus pauvres au monde. Haïti était autosuffisant, mais à cause de la tyrannie des Français, il survit maintenant grâce à l’aide. 

Sous le nom de Saint-Domingue, Haïti était l’un des pays les plus riches. Son économie s’est construite grâce aux efforts de 800 000 esclaves d’Afrique de l’Ouest qui travaillaient dans les vastes plantations sous le contrôle brutal des propriétaires d’esclaves français. Entre les années 1697 et 1804, Haïti a produit 60% du café consommé par la France et la Grande-Bretagne et les trois quarts du sucre mondial. Non seulement Saint-Domingue représentait un tiers de l’ensemble de la traite des esclaves, mais les conditions dans lesquelles ils vivaient étaient connues pour être parmi les plus cruelles.

Contre toute attente, les esclaves se sont révoltés contre leurs colonisateurs et ont obtenu l’indépendance en 1804. À peine deux décennies après avoir gagné son indépendance, la France a déployé des navires de guerre lourdement armés à Haïti et les a retenus en otage jusqu’à ce qu’ils répondent à leur ultimatum qui équivalait à de l’extorsion. Les Français ont menacé d’attaquer la petite île haïtienne à moins qu’il ne paie une somme ridicule de 150 millions de francs (révisée plus tard à 90 millions de francs), l’équivalent actuel de 21 milliards de dollars. Le paiement était destiné à compenser les pertes subies par les propriétaires d’esclaves français en matière de propriété et cette propriété était principalement le peuple haïtien lui-même.

La dette de l’indépendance a été un cruel hold-up du peuple haïtien. Depuis 1825, ils ont payé cette dette jusqu’en 1947. De plus, la France a exigé d’acheter tous les produits haïtiens avec une remise de 50%. La dette a été remboursée par des prêts accordés au gouvernement haïtien par les banques françaises et américaines qui ont prélevé des taxes et des intérêts draconiens sur ces prêts. Selon les récits, Haïti a fini par payer le double à cause des intérêts qui étaient appliqués sur les prêts qu’ils avaient contractés pour payer la France.

Les effets de la dette de l’indépendance envers la France sont considérables et peuvent être ressentis aujourd’hui. Haïti a été victime de la corruption de ses dirigeants et de catastrophes naturelles. Le vol par la France du peuple haïtien durant des siècles reste le pire désastre qu’il ait jamais connu.

En raison de la dette, Haïti n’a pas pu se développer. Les institutions éducatives n’ont pas pu être construites. À ce jour, Haïti possède l’un des pires réseaux routiers. Tous les projets qui avaient commencé avant 1825 ont été mis en attente pour assurer le paiement de la dette. Le non-paiement garantirait une attaque et une éventuelle reprise par la France.

L’économiste français Thomas Piketty a reconnu que la France devrait rembourser au moins 28 milliards à Haïti en guise de restitution. Cependant, les anciens présidents français, de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy à François Hollande, ont toujours minimisé les demandes de dédommagement des Haïtiens.


En 2015, François Hollande est devenu le 2e président français à se rendre en Haïti, il a admis que son pays devait « régler la dette ». Plus tard, réalisant qu’il avait reconnu les injustices morales et matérielles que la France avait imposées à Haïti, il a précisé que la dette dont il parlait n’était qu’une dette morale.

La France a mené un grand braquage sur le peuple haïtien, dont les effets se font sentir aujourd’hui. Il continue à souffrir chaque jour du refus de la France de rembourser la dette d’indépendance qu’il a imposée et qui a conduit à leur état de pauvreté et de sous-développement.

Crédit photo : voa

Gaelle Kamdem

Bonjour, Gaelle Kamdem est une rédactrice chez Afrikmag. Passionnée de la communication et des langues, ma devise est : « travail, patience et honnêteté ». Je suis une amoureuse des voyages, de la lecture et du sport. paulegaelle@afrikmag.com

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