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Alassane Ouattara n’entend pas faire baisser la tension

Au terme de sa visite dans la région de la Marahoué, le Chef de l’Etat, Alassane Ouattara a échangé avec les journalistes. De ce qu’il ressort de ces échanges, il est clair que le candidat du RHDP est descendu dans la vallée et veut affronter ses potentiels adversaires, à tous les prix.

C’est une évidence : Alassane Ouattara est un homme en colère en ce moment. Un homme acculé par son opposition et qui dès lors n’entend pas user de sa posture de chef de l’Etat pour s’élever au-dessus de la mêlée. Il veut combattre et vaincre. Convaincre n’est plus dans son champ lexical.

C’est désormais en « chef de guerre » que le Chef de l’Etat se positionne. C’est un homme sans concession dont les éléments de langage témoignent d’une grande colère mal contenue. En effet, soumis d’une part aux pernicieuses et récurrentes attaques de son ex-allié Guillaume Soro, et d’autre part au courroux d’une opposition au plan interne, Ouattara est comme un fauve poussé dans ses derniers retranchements.

Du coup, il sort ses griffes quitte à ressasser le passé pour expliquer la radicalisation de sa posture. Ainsi, alors que l’émissaire de l’ONU, Ibn Chambas a souhaité, au terme de sa mission hebdomadaire, que l’élection soit inclusive et transparente, Alassane Ouattara a laissé entendre dans sa conférence de presse qu’il ne reviendra pas sur la date de la tenue de l’élection présidentielle.

Ensuite, arguant que ses adversaires n’ont pas été « tendres » avec lui, il a indiqué qu’il ne retirerait « aucun mot » de ce qu’il a dit à leur encontre. Et revenant sur les élections de 2000 auxquelles il n’a pu participer, Ouattara a fait savoir qu’il a été « floué ici pendant des années, aussi bien pour les élections présidentielles de 2000 ainsi que pour les législatives. »

« On a mis du blanco sur mes dossiers pour les éliminer. On a fait de la tricherie, du mensonge », a-t-il rappelé. Avant de lancer une autre pique à ses opposants. « Les autres veulent le pouvoir pour quoi ? Pour dilapider les fonds de la République à nouveau. Qu’est-ce qu’ils ont fait ? » a accusé Ouattara, tout en se disant « fier de son bilan ».

Face aux mots d’ordre de ses opposants qui entendent monter en puissance dans les jours à venir, Alassane Ouattara menace : « Je mets en garde tous ceux qui veulent mettre du désordre. Si c’est ce qu’ils veulent, alors ils me trouveront en face d’eux ».

C’est donc un homme qui n’a guère l’intention de ni de reporter l’élection, ni d’admettre que certains candidats recalés, à savoir Guillaume Soro et Laurent Gbagbo, figurent sur la liste électorale comme requis par la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuple. « Même si je le voulais, je ne pourrais pas changer la date des élections », a coupé sec Ouattara.


Se posant en garant de la Constitution, Ouattara insiste pour dire que l’élection se tiendra le 31 octobre 2020, alors que de l’autre côté l’opposition milite pour un report afin d’aplanir les points de divergences. Mieux, elle exige que Ouattara se retire de la course. Deux préoccupations totalement antinomiques avec des acteurs arc-boutés sur leurs exigences.

Du reste, rien dans les actes de Ouattara ne laisse présager d’un changement de cap, lui qui applaudissait le sourire au coin, son premier ministre qui a menacé l’opposition en plein meeting. Le Premier Ministre Hamed Bakayoko a menacé de se rendre « le soir » chez les responsables de l’opposition, au cas où des infrastructures étaient endommagées lors des manifestations.

Entre les assurances de Soro qui insiste pour dire que Ouattara ne sera pas le prochain président et le Chef de l’Etat qui vise le « 1 coup K.O », c’est la situation politique qui se tend dangereuse. Au grand dam des Ivoiriens.

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