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Fousseiny Fall, seul Malien pilote d’un Boeing 777

Tout gosse, ce Malien rêvait de piloter un avion. Il est aujourd’hui aux manettes d’un Boeing 777.

Il plane. D’abord parce que, depuis trois jours, il est papa d’un petit garçon. Ensuite parce que, à sa connaissance, il est le seul Malien à piloter un « triple 7 », à savoir un Boeing 777. Grand, raide et élégant, Fousseiny Fall affiche un calme suffisant pour rassurer les phobiques du transport aérien. Aujourd’hui, il habite à Abou Dhabi, où siège la compagnie Etihad, tandis que sa femme vient d’accoucher à Paris. Il y a bientôt trente-sept ans, il naissait à Bamako, fils d’un contrôleur d’État du Mali et d’une commerçante.

La tête dans les airs

Comme beaucoup de passionnés, Fousseiny Fall pourrait ne parler que d’avions. « Depuis que j’ai commencé à comprendre quelque chose, j’ai toujours voulu être pilote », dit celui qui, à l’instar de tant d’enfants, élit les aéronefs au rang de jouets favoris et fabrique des avions en papier. Depuis le quartier populaire de Magnambougou, à Bamako, il parcourt tous les jours quatre ou cinq kilomètres pour rejoindre l’école.

Ses parents sont divorcés, il a un frère jumeau, un petit frère et deux demi-sœurs. « Ma mère travaillait pour nous nourrir, elle s’est sacrifiée pour que nous puissions aller à l’école. Mais j’étais un élève moyen : on nous frappait et c’était traumatisant. »

Son premier vol a lieu dans les années 1990, sur Air Guinée. « L’hôtesse m’a montré mon siège, se souvient-il, mais je suis allé directement vers le cockpit et le pilote m’a dit qu’un jour je pourrais piloter un avion. »

Pendant longtemps, il se contentera de lever les yeux au ciel pour y suivre les grandes diagonales de vapeur. Mais, fidèle à son idée, il monte de fréquentes expéditions vers l’aéroport et découvre l’existence de l’aéro-club de Bamako. Il a 18 ans en 1996 quand sa mère paye les frais exorbitants d’un vol de baptême sur un Cessna 152. Désormais, ce sera tous les jours ou presque : à l’aéro-club, il suit les cours et nettoie les avions. Avec respect, il évoque encore le nom de son premier instructeur, le commandant Tall.

En route pour les États-Unis

«À la fin des années 1990, l’armée du Mali recrutait une dizaine de personnes pour ses avions, raconte-t-il. J’ai été sélectionné après le bac, en 1999-2000. Ils ont payé mes cours à l’aéro-club et j’ai pu un peu voler. Mais ma mère m’a dit que l’armée n’avait pas beaucoup d’avions et m’a conseillé d’aller aux États-Unis pour poursuivre mes études.»

Il dit avoir eu un visa de visite « par chance », qui s’est transformé en visa étudiant après qu’il a été accepté au sein de l’université du Delaware. D’abord pour y apprendre l’anglais, bien entendu. Gagnant un peu d’argent dans la restauration rapide à Friendly’s, il garde le cap sur son objectif ultime. Mechanical Engineering au Delaware County Community College, puis Bachelor en gestion d’aéroport au sein du département de science aéronautique de la Delaware State University, et, quand c’est possible, un petit tour dans les cieux au départ de l’aéroport de Wilmington.

Les attentats du 11 septembre 2001 ne lui facilitent pas la tâche. Il est noir, il est musulman, il est pilote. « C’était difficile », dit-il sans s’étendre.

Son premier stage aura lieu au sein de la principale société de transports du Delaware et du New Jersey, la Delaware River and Bay Authority. Le rêve est à portée de main. Fousseiny Fall obtient son diplôme et sa licence de pilote commercial en 2005. « J’ai été embauché à l’université comme instructeur, ce qui permet d’engranger les heures de vol.»

Un attachement profond à l’Afrique


S’il est peu disert sur son attachement à l’Afrique, ses choix parlent pour lui. Ainsi rejoint-il comme pilote une ONG chrétienne, Mission Aviation Fellowship, qui dispose d’un département au Mali. À bord d’un Beechcraft 1900, il traverse son pays de long en large, assurant les liaisons avec Kidal, Gao, Tombouctou… Très vite, pourtant, son ambition le porte ailleurs : Mesa Airlines d’abord, puis Air Mali et Meridiana, qui appartiennent toutes deux au groupe Aga Khan.

L’expérience, essentiellement sur des McDonnell Douglas MD-80 et MD-87, tourne court. « Mon ambition allait au-delà », dit-il une fois de plus. Et le voilà reparti aux États-Unis à la Pan Am International Flight Academy pour apprendre à piloter des Boeing. Sans doute y parvient-il plutôt bien puisqu’en 2010, parmi plusieurs offres, il choisit Asky, qui lui permet de s’installer à Lomé, au Togo. Il y restera jusqu’en 2012, au manche d’un Boeing 737 nouvelle génération.

« Cela n’allait pas toujours dans la direction que je voulais, souffle-t-il. J’ai décidé de partir pour Emirates ou Etihad… J’ai choisi cette dernière parce qu’elle a beaucoup d’avenir… » Pour l’heure copilote d’un 777, Fousseiny Fall affiche huit mille heures de vol et quelques personnalités au compteur : Amadou Toumani Touré, Macky Sall, Cheick Modibo Diarra, Kofi Annan…

Blessé par la guerre au Mali, qui, selon lui, représente tout le contraire de la philosophie du pays du sinankunya, le jeune malien se voit comme un exemple à suivre. Déjà, celui dont le plus grand plaisir est de piloter rêve d’une meilleure desserte pour le Mali et caresse le projet d’y « faciliter le hadj ». À ce rythme, il va vite gagner son ciel.

Source: Jeune Afrique

Felicia Essan

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