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L’agent du FBI se surprend à miser l’argent public au Blackjack

Le scénario comporte tous les éléments d’un bon thriller psychologique, digne d’être confié à Coppola ou Scorcese.

Nous attendons la communication du délibéré : une affaire en eaux troubles était jugée par Gloria Navarro, la première femme Juge hispanique à la tête de la Cour du district du Nevada. Il s’agit de l’accusation contre l’agent du FBI Scott F. Carpenter, 40 ans, de New York, qui s’est lui-même livré et a plaidé coupable, pour avoir misé 13 500 $ d’argent public à une table de blackjack. 

Il est passible du délit de « conversion de l’argent du gouvernement », qui est l’euphémisme employé, lorsqu’on ne veut pas dire clairement qu’un agent aurait volé l’argent du contribuable. L’officier délinquant s’est engagé à rembourser cette somme publique, parce qu’il reconnaît clairement les faits qui lui sont reprochés et escompte atténuer sa peine. 

Quand la Ville du péché opère-t-elle la bascule ?

D’après les éléments dont on dispose, l’agent Scott F. Carpenter est très bien noté par sa hiérarchie et s’est engagé dans le FBI en sortant de l’armée américaine. Ensuite, cet argent lui était confié dans le cadre d’une « mission d’infiltration » de 3 jours, qui venait de s’achever à Las Vegas, alias Sin City ou « la ville du péché » : celle-ci n’a pas usurpé sa réputation, puisqu’elle métamorphose un incorruptible tout droit sorti d’un film sur la vie d’Elliot Ness en policier ripoux, en un claquement de doigt. 

Consciencieux, il accomplit dignement sa mission, avant de s’accorder un moment de détente dans sa carrière.

Aurait-il dû se désintoxiquer avant de partir en mission ?

L’inducteur pathogène, c’est, comme souvent, le penchant à l’alcool auquel s’adonne notre agent encore intègre la minute d’avant. D’un verre à l’autre, il ne se serait pas rendu compte que cet argent confié n’était pas le sien et qu’il aurait beaucoup de mal à justifier de son utilisation à des fins d’enrichissement personnel. 

Son avocat, Paul Fishman, joue cette circonstance « atténuante » pour plaider le moment d’égarement, alors que « lucide », Carpenter aurait peut-être su rester l’agent exemplaire qu’il fut. L’agent aurait demandé l’aide d’un programme de désintoxication. 

Le plaidoyer est triplement intéressant :

  • D’abord, le Ministère Public semble partager la faute de Carpenter par négligence, en l’envoyant en mission d’infiltration (à haut risque d’être démasqué), dans une zone interlope qui ne fait pas mystère de mettre ses clients en « confiance », par abus d’alcool, tentation des jeux et des femmes. À aucun moment la hiérarchie n’a pris la peine d’examiner s’il est apte, au moins concernant ses enzymes gamma GT. 
  • Dans une telle ambiance « chauffée à blanc », que reste-t-il des prétentions des grands casinos de réputation mondiale à veiller au « Jeu Responsable » : mise en condition et jeu lucide sont-ils vraiment compatibles ?
  • Carpenter, par l’entremise de son avocat, peut-il plaider l’altération ou l’abolition du jugement au moment de son acte répréhensible et « faire porter le chapeau » à l’établissement ou la serveuse qui lui a servi son dernier double scotch sec ? Sachant, nonobstant, qu’il s’agit d’un agent fédéral censé veiller à l’ordre public, même en état semi-conscient ?

Consommation d’alcool : altération ou abolition du Jugement ?

Carpenter, fort de ses bons et loyaux services « jusque-là », pourrait encourir entre un an d’emprisonnement maximal et une peine probatoire de liberté surveillée avec suspension provisoire de ses fonctions. 

En France, on connaît, malheureusement, bien les contours et angles morts de la notion « d’abolition du jugement », retenu dans le cadre particulièrement sordide de l’Affaire Sarah Halimi. Par transposition, ici, l’alcool, à l’instar du cannabis, aurait pu rendre « temporairement fou » ou inconscient, donc non comptable de ses actes, l’officier « malade » de son accoutumance, qui souhaitait en être soigné.

L’avocat ne demande pas d’aller au-delà de la notion « d’altération » et Carpenter plaide coupable de tous les abus financiers reprochés. 


Reste qu’il a consenti à se mettre en condition, en se dirigeant vers le bar, puis la table de jeu, pour commettre ses abus, ne s’est pas prémuni contre son penchant, et qu’il demeure « responsable », jusqu’au moment où il perd pied et que la partie lui échappe. 

Oui, il y a une morale à Las Vegas. La preuve par Scott Carpenter

La morale de cette histoire serait la suivante : les procureurs étaient de son côté et requéraient la « mise à l’épreuve ».

Pour être convaincante, celle-ci doit-elle se dérouler dans les circonstances exactes qui ont conduit l’homme à s’adonner au péché ? Que se serait-il passé s’il avait décroché le jackpot ?

 

Francky

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