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Opération « Mar Verde » / Il y a 52 ans, le Portugal tentait de renverser le président Sékou Touré

Les Occidentaux n’ont jamais accepté les indépendances des pays africains et ont tout fait pour les recoloniser. D’une manière ou d’une autre. L’un des pays qui a subi ouvertement les manigances colonisatrices de l’Occident, c’est bien la Guinée de Sékou Touré. Pour avoir dit non à la France en 1958, il était dans le viseur de l’impérialisme. Le 22 novembre 1970, le Portugal attaque militairement la Guinée et va subir aussi une défaite. Retour sur un fait historique ignoré des Africains aujourd’hui.

La Guinée de Sékou Touré, on en parle sans jamais revenir sur ces faits qui ont certainement durci ce régime après les indépendances. Comme tout régime avec ses pages noires, celui de Sékou Touré en a assurément. Mais, on ne peut totalement juger Sékou Touré, sans évoquer des faits historiques qui ont du conditionner sa méfiance et peut-être sa paranoïa de l’époque.

D’abord menacé par la France de De Gaulle, la Guinée va être dans le viseur de tout l’Occident. Les richesses de ce pays attisent les convoitises de l’Occident qui veut absolument mettre la main sur cet Etat au sous-sol riche. Après les Maurice Robert et l’infiltration de faux billets de banque dans l’économie guinéenne, c’est le Portugal qui va fomenter une agression militaire le 22 novembre 1970.

Le Portugal monte l’Opération  » Mar Verde » ( Mer Verte ) qui doit renverser Ahmed Sékou Touré et arrimer la Guinée Conakry à la Guinée-Bissau sous tutelle de ce pays lusophone. En pleine nuit, des bateaux sont repeints, avec à bord des Portugais aux visages peints en noir. Les six navires approchent en silence. « Conakry à vue » dit le télégramme. 430 soldats prennent part à l’opération : 200 membres du FLNG, 150 commandos africains et 80 « fuzilleiros especiais », l’unité d’élite de l’armée coloniale, d’après les archives.

Opération "Mar Verde" / Il y a 52 ans, le Portugal tentait de renverser le président Sékou Touré
Ahmed Sékou Touré aura tenu tête à l’Occident jusqu’à sa mort

Les mercenaires portugais prennent d’assaut le camp Boiro, puis le camp des miliciens avant de sauter le mur qui le sépare de la Villa Silly, la résidence du chef de l’État. Ils montent les escaliers mais à l’étage, mais ils ne trouvent ni Sékou Touré ni Amilcar Cabral, fondateur du PAIGC, qu’ils veulent aussi tuer. Les assaillants détruisent néanmoins les installations du parti et libèrent les prisonniers portugais.

Opération "Mar Verde" / Il y a 52 ans, le Portugal tentait de renverser le président Sékou Touré

« Peuple de Guinée, tu es, depuis 2 heures du matin, ce matin, dimanche 22 novembre, victime, dans ta capitale Conakry, d’une agression de la part des forces impérialistes. Des bateaux de guerre étrangers stationnent dans tes eaux territoriales, après avoir permis le débarquement de mercenaires européens et africains. Cette agression s’inscrit dans le cadre du plan de reconquête des pays révolutionnaires d’Afrique par des puissances étrangères. Le colonialisme portugais sert de tête de pont dans cette agression », réagit Sékou Touré à la radio.

Ce qui montre que les Portugais et leurs hommes n’ont pas totalement la situation en main. Mieux, la cavalerie guinéenne entre en action. Les chars de l’armée résistent et reprennent le camp Samory. « Le peuple de Guinée se défend et se défendra jusqu’au dernier survivant. Les peuples africains dignes de la liberté défendront, à nos côtés, la dignité et la souveraineté de notre continent », martèle encore Sékou Touré.


Dans les plans du Capitaine Morais qui conduit les assaillants, la destruction de l’aviation guinéenne était primordiale avant que des avions portugais ne prennent le contrôle du ciel. Arrivés à l’aéroport, les mercenaires ne trouvent aucun avion de la Guinée. C’est un coup dur et les combats font rage toute la nuit. Le matin arrivant, les Portugais comprennent qu’ils ont échoué. Ils prennent le large avec quelques prisonniers.

« L’impérialisme trouvera son tombeau en Guinée ! », avait prédit dans la nuit Sékou Touré. Il aura raison car l’armée guinéenne va chasser les assaillants et en arrêter plusieurs. Il va s’en suivre une grande opération de dénichement des complicités internes en Guinée entre 1970 et 1971. Les Portugais défaits, Sékou Touré, ragaillardi, va mener une traque féroce de tous ceux qu’il soupçonnait d’avoir pactisé avec l’Occident pour le renverser. « Dieu a sauvé la Guinée, le peuple l’a défendue », se félicitait-il à l’époque.

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