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Nathalie Koah: une lettre virulente de désolidarisation adressée

Depuis le scandale Eto’o-Koah, l’image de la femme camerounaise a pris un coup dur. Dans certains groupes facebook, les femmes camerounaises sont toutes assimilées à Nathalie koah. C’est pourquoi, malgré la solidarité de certaines, d’autres femmes camerounaises ont par contre décidé de se désolidariser de Nathalie Koah quoiqu’elles compatissent à sa douleur. On ne peut se baser sur un cas particulier pour en faire des généralités. Voici une lettre de Hemley Boum qui est le résumé des pensées de la plupart des intellectuelles camerounaises.

 »Nathalie, ah Nathalie,
Impossible de rester silencieuse face au tollé et à la cacophonie que vous nous imposez ces dernières semaines. Vous mettez à rude épreuve l’ouverture d’esprit et la tolérance dont je me vante. Alors de toutes les femmes camerounaises, il a fallu que ce soit vous? Que je doive me prononcer pour vous? Pas pour les femmes courageuses qui arpentent le pays pour gagner de quoi élever dignement leurs enfants, pas pour les femmes qui subissent la violence d’hommes ignares, pas pour les étudiantes qui contre vents et marées, contre la cherté et la corruption du système scolaire, décrochent des diplômes, pas pour les cadres, employées, qui se heurtent jour après jour au mâle mur des promotions professionnelles…Non, pour vous, Nathalie Koah !
Vous êtes têtue, clivante et un peu c*nne, il faut bien l’avouer. Dans votre interview dans Jeune Afrique, vous parlez de votre nouveau compagnon et vous dites « Ce n’est pas de ma faute si j’attire les hommes aisés ». Oui, enfin, sauf que le dernier « homme aisé » que vous avez attiré vous a conduit où vous en êtes non ?
Vous êtes bavarde et inconséquente « Ils ont publié des photos de moi nue, il ne peut rien m’arriver de pire ». Si, car il y a pire que l’outrage commis à votre encontre, il y a les innombrables injures que vous vous infligez à vous-mêmes. Vous savez ce que démontrent ces photos ? Que vous êtes une jeune femme magnifique, qu’en privé vous vous livrez à des jeux amoureux que la morale réprouve et alors ? Vous êtes adulte, votre sexualité aussi débridée soit-elle ne concerne que vous. Honni soit qui mal y pense. Que vous ayez accordé votre confiance à un sale type est d’une grande banalité. N’importe qui peut comprendre cela, la plupart des hommes et des femmes ont fait cette triste expérience, la condamnation est sans appel et c’est lui l’ordure. Mais vos paroles Nathalie, vos propres mots vous décrivent comme une fille de rien, une arriviste éhontée, une débauchée ; c’est vous même qui le dites…Et voyez-vous, votre auto-incrimination est pire que les actes d’un ex-amant malveillant. Ce sont moins ces photos que le déshabillage intime, impudique auquel vous vous êtes livrés par la suite qui vous fragilise.
Vous vous grisez de la parole qui vous est offerte, vous n’en voyez pas le calcul. Des tas de femmes ont fait tomber des hommes puissants devant la justice, en accumulant les preuves, jamais devant les médias avides de sensationnel. Éto’o fils n’aura même pas besoin de lever le petit doigt, la foule vous lynchera à sa place. Les gens ont besoin de modèles, il est riche, jeune, beau et charismatique, pendant que vous vous roulez dans la fange, il affiche son bonheur familial, sa réussite et sa foi. Comprenez-vous l’astuce ?


Et pourtant, vous me touchez infiniment. Je voudrais que vous trouviez une sortie honorable à tout ce m*rdier.
Vous vous conduisez comme si vous n’aviez plus rien à perdre. C’est faux. Vous êtes belle, combative, et jeune, si jeune ! D’autres luttes vous attendent dans la vie, montrez-vous maligne, protégez-vous, veillez à ce que les coups que vous portez ne vous fasse pas plus de mal à vous-même qu’à l’adversaire. Tâchez de ne pas devenir votre pire ennemi.
Entre la pauvreté, relative, dont vous êtes issue –vous et moi savons qu’il y a bien plus défavorisé dans notre pays- et les palaces étoilés, les cadeaux griffés, les jets privés dans lesquels une majorité d’humains sur cette terre ne mettra jamais le pied, il y a une foule de possibles. Choisissez votre chemin. Pas celui que l’on vous impose, pas celui que vous dicte le désir, la convoitise des hommes riches d’argent et dépourvus d’honneur, non, le votre propre.
« Une femme libre est le contraire d’une femme facile » disait Simone de Beauvoir, vous êtes pour l’instant hélas trop facile pour être libre. Trop dépendante des hommes sur les plans économique, esthétique, émotionnel. Et pourtant vous citez Césaire et cela me redonne espoir. Le vieux poète à l’œil brillant en a vu d’autres. Il aurait apprécié la situation je crois. Continuez de le lire, il parle de dignité retrouvée, d’humanité intacte au-delà des blessures, du courage qu’il faut pour rester vrai malgré le miroir déformant que nous tend la société, du devoir d’être soi : laissez-le vous inspirer.
Apprenez que ce n’est pas parce qu’il vous a touché qu’un homme laisse ses empreintes sur votre corps. Pas parce que vous l’avez aimé qu’il pose à jamais une serrure sur votre cœur. Pas parce qu’il vous fait un cadeau que vous devenez sa créature. Ce pouvoir-là, vous seule le donnez et le reprenez, c’est votre privilège.
À un moment où un autre, il vous faudra prendre une décision. Laisser cette histoire derrière vous, laisser vos avocats poursuivre les négociations, prendre le large, choisir la liberté et ses ornières ou marquer le pas.

Je vous souhaite bon courage Nathalie, j’espère que la colère qui vous consume s’estompera et que vous retrouverez le goût de la vie. » Hemley Boum

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