La sud-africaine reçoit sa première victoire partielle au tribunal depuis que la Fédération internationale a forcé les athlètes hyperandrogénées à se soigner pour concourir
Depuis que Caster Semenya a été soumise à un test de féminité aux championnats du monde de Berlin en 2009, qui a révélé que son corps génère naturellement plus de testostérone que d’habitude – l’athlète a joué un pouls sans fin avec la direction de World Athletics, qui a peu de temps après élaboré un règlement pour les femmes souffrant d’hyperandrogénisme.
À la suite de ces nouvelles règles, la Fédération internationale a établi un nouveau seuil de tolérance pour les niveaux de testostérone – qui se situait à 10 nanomoles par litre de sang – et l’a réduit à 5 nanomoles pour participer aux courses de distance entre 400 mètres et le mile.
L’athlète s’est tournée vers le TAS, qui a donné raison à World Athletics, et depuis lors, Semenya, qui a refusé de prendre des médicaments pour abaisser ces niveaux de testostérone, a dû essayer sur d’autres distances, loin des 800 mètres où elle s’est proclamée championne olympique et mondiale, afin de pouvoir continuer à concourir. Lors des dernières Coupes du monde, par exemple, elle l’a fait dans les 5.000 mètres.
Pourtant, mardi, la Cour européenne de Strasbourg s’est prononcée en faveur de Semenya, qui a allégué qu’elle était considérée comme discriminée en tant que femme après que la Fédération internationale d’athlétisme lui ait interdit de concourir si elle ne réduisait pas son taux de testostérone.
Dans leur jugement, les juges européens condamnent formellement la Suisse, où se trouve le siège de la Cour d’arbitrage sportif (TAS), qui avait rejeté l’arbitrage demandé par Semenya afin qu’elle ne soit pas tenu de subir un traitement hormonal qui réduirait son taux de testostérone en dessous du seuil fixé par l’IAAF comme condition pour lui permettre de concourir.
En fait, la CEDH rappelle que le TAS lui-même a reconnu ses doutes sur le règlement élaboré par l’IAAF qui, dans la pratique, l’obligeait à subir des traitements hormonaux avec des effets secondaires « significatifs » et qui ne lui donnaient pas non plus une garantie totale de lui permettre de baisser la testostérone à un niveau suffisant
En outre, des rapports récents indiquent que les organes compétents en matière de droits de l’homme du Conseil de l’Europe (auquel appartient le Tribunal de Strasbourg) ont mis l’accent sur leurs « préoccupations » concernant la discrimination à l’égard des femmes ou des athlètes intersexués dans le sport avec des règlements comme celui-ci.
Avec cette décision, l’athlète sud-africaine peut poursuivre la bataille juridique pour défendre son droit de concourir sans avoir besoin de prendre des médicaments ou d’abaisser les niveaux de testostérone que son corps produit naturellement.