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Le phénomène des microbes en Côte d’Ivoire : origines, mode opératoire et conséquences

La violence des adolescents dans les zones urbaines, en bandes organisées est un phénomène ancien à Abidjan. Inspirée des guerres de gangs mises en scène dans les séries américaines, elle aurait débuté dans certaines villes du pays et dans des communes populaires comme Treichville et Adjamé, entre la fin des années 1970 et le début des années 1980. La forme de violence perpétrée par des groupes d’adolescents et de jeunes aujourd’hui appelés « microbes » aurait, quant à elle, émergé au début des années 90.

A la fin de la crise postélectorale de 2010, ce phénomène qui avait pourtant presque disparu a refait surface. Des adolescents organisés en gangs ont fait irruption sur les bords de la lagune Ebrié (Abidjan) et dans certaines villes du pays.

Le phénomène des microbes en Côte d'Ivoire : origines, mode opératoire et conséquences

Ces adolescents communément appelés « microbes », règnent en maîtres absolus dans la capitale économique ivoirienne malgré la présence des forces de l’ordre et de sécurité.

Dans les ruelles des communes d’Abidjan, les populations sont pratiquement sur la défensive, en raison de l’émergence du phénomène des microbes dont la solution peine à être trouvée.

Après la fin de la crise postélectorale, en 2010, marquée par l’arrestation de l’ex-président, Gbagbo Laurent, le phénomène des microbes s’est fait ressentir par les nombreuses exactions perpétrées par ces adolescents. Organisés en groupuscules et munis de machettes, de gourdins, de couteaux et parfois d’armes à feu camouflées dans leurs vêtements, ces voyous arpentent nuitamment les ruelles des quartiers de la ville d’Abidjan (capitale économique) dans l’espoir de se faire du pactole. Les citoyens qu’ils rencontrent sont dépossédés de tous leurs biens avant d’être poignardés, violés ou tués.

Le phénomène des microbes en Côte d'Ivoire : origines, mode opératoire et conséquences

Les microbes, aussi appelés « enfants en conflit avec la loi », par les autorités du pays s’en prennent parfois aux forces de l’ordre et de sécurité. La dernière agression faite sur un agent des forces de l’ordre s’est déroulée dans la commune de Koumassi , le dimanche 2 septembre 2019, où un gendarme du nom de Soro Thomas, a été tué à coups de poignards.

Ce phénomène suscite plus d’inquiétude dans la mesure où ces jeunes posent des actes qui semble-t-il profitent à des hommes politiques. Lors de la présidentielle qui vient de prendre fin, l’on a pu voir, dans des séquences vidéos, des jeunes armés de machettes attaqués sans arrières pensées des manifestants. Ces jeunes sont-ils ces microbes qui sèment la terreur dans les zones urbaines ? Une chose est sûre, c’est que Amnesty International (organisation des droits de l’homme) a demandé au gouvernement de faire la lumière sur ces attaques afin de situer les responsabilités.

Donnant les raisons de l’émergence d’un tel phénomène, le sociologue, Francis Akendès, professeur à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké, a indiqué que ces enfants s’engagent dans un tel système, parce qu’ils sont issus de familles polygames où les parents ne disposent pas de moyens suffisants pour subvenir à leurs besoins. Dans un rapport de Indigo Côte d’Ivoire paru en février 2017, il est mentionné que la commune d’Abobo ( environ 1.500.000 d’habitants) est le nid de ces adolescents qui constituent un danger réel pour le développement du pays.

Le phénomène des microbes en Côte d'Ivoire : origines, mode opératoire et conséquences

Interrogé sur la question, sur les antennes de ONU-CI FM en août 2015 , Yousouf Kouyaté, ancien commandant du Centre de commandement des décisions opérationnelles (CCDO), aujourd’hui Directeur Général de la police depuis le 9 janvier 2017, avait indiqué que « quelqu’un profite des fruits de cette délinquance ».

Cette délinquance juvénile a des répercussions assez néfastes dans la société car cela entrave considérablement le bon déroulement des activités économiques du pays. Les différentes exactions de ces adolescents engendrent la méfiance des investisseurs et des bailleurs de fonds qui contribuent largement à la croissance économique. Un problème de sécurité se pose.

Les activités génératrices de revenus, pratiquées dans la nuit se font de plus en rares en raison de la recrudescence de cette violence juvénile qui ce pratique très souvent nuitamment.


Cependant, il faut dire que ce phénomène, existe dans des villes d’Amérique du nord, du Mexique et en Amérique central, où nous avons des gangs surnommés « les Maras », qui sont essentiellement composés d’adolescents, fortement impliqués dans le trafic de drogue et les agressions à main armée.

Le phénomène des microbes en Côte d'Ivoire : origines, mode opératoire et conséquences

Ce phénomène est aussi présent au Brésil, précisément à Rio de Janeiro, où des jeunes en majorité issus des quartiers précaires appelés « favelas », aussi organisés en bande s’adonnent au banditisme à grande échelle et autres actes peu recommandables dans l’optique de satisfaire leurs besoins immédiats.

Notons que, lors de la fête de l’indépendance du pays, le 7 août 2019, Alassane Ouattara, Président de la République avait indiqué que toutes les mesures seront prises afin d’éradiquer définitivement ce phénomène qui menace fortement l’économie du pays et cause de facto un problème de sécurité.

Photos : Images d’Illustration

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