Côte d'Ivoire

Elections Tour/ Jean-Marc Gauze « Nous allons faire de notre commune, un incubateur de Start up. »

Il s’appelle Jean-Marc Gauze. Jeune cadre du privé, 42 ans, marié, père de 5 enfants, enfant de Cocody. Il a une conviction établie: redonner à Cocody son lustre d’antan. Par le retour aux valeurs des pères fondateurs, par la technique et la technologie.

Jean-Marc Gauze « Nous allons faire de notre commune, un incubateur de Start up. »

Q1-: Un Gauze, en politique en Côte d’Ivoire, ça ne devrait pas surprendre. Mais à Cocody, ça commence quand?

Jean-Marc Gauze, à Cocody, c’est déjà plus de 20 ans. Donc, Jean-Marc Gauze en politique, c’est forcément, Cocody. C’est vrai que la grande famille, nous sommes originaires de Daloa (note, 400 km d’Abidjan, Région du Haut Sassandra), mais la région où là commune que je connais la mieux, c’est Cocody.

Q2- Vous êtes d’une illustre famille d’hommes politiques, c’est un virus familial, vous suivez les traces de votre grand-père, Antoine Gauze, de vos oncles?

Pas forcément! Mais nul n’échappe à son destin.

Q3- Et ce destin, pour vous, c’est vous intégrez, réfléchir, participer, gérer la cité de Cocody?

Alors, le destin, à la vérité, c’est contribuer, c’est apporter sa pierre à l’édifice. Ce n’est pas laisser les choses en l’état. C’est d’améliorer autant que possible. Et, chaque fois que l’opportunité nous sera donnée de contribuer, d’améliorer, d’apporter un peu plus de bonheur, d’apporter un peu plus de développement, nous serons toujours partant. Et beaucoup de Gauze avec moi.

Q4- L’impression, à vous entendre, vous n’êtes pas ce militant passionné, accroché à l’idée de faire forcément de la politique à Cocody. Comment définissez-vous le militantisme que vous essayez d’implémenter à Cocody?

Alors, ce n’est pas du militantisme, ce n’est pas du parisianisme, c’est un cadre engagé auprès de sa communauté. Ce sont des jeunes gens, aguerris dans certains domaines d’activité, qui veulent apporter leur pierre à l’édifice. Vous savez, nous sommes en 2018, l’ère de la nouvelle technologie, mais la Côte d’Ivoire ne l’a pas vraiment adoptée ou ne l’a pas vraiment épousée. Si nous qui en savons un peu plus, restons à l’écart, le développement se fera sans nous. Et donc, sans valeur ajoutée. Nous sommes engagés pour apporter de la valeur ajoutée. Voilà le sens de notre engagement.

Q5- Alors quand vous dites « Cocody est la cité que je connais », c’est quoi le rapport à Cocody? Vous y êtes né? Vous y avez vécu?

Je vis Cocody. Ma famille vit à Cocody. Cocody, c’est plus de la moitié de mon existence, c’est mon microcosme: ma famille, mes amis, mes projets, mes centres d’intérêt… Et puis, Cocody, c’est mon coup de coeur.

Q6- Quand vous dites « Cocody est mon coup de cœur », vous le vivez comment, vous le sentez comment, vous le projetez comment?

Les pères fondateurs ont pensé avant de construire Cocody. Ils l’ont pensée comme un modèle, une référence en matière de qualité cadre de vie. Cocody a été pensée pour être une cité d’excellence. Tous ceux qui sont amateurs de bonnes choses, amoureux de qualité, d’excellence, sont forcément amoureux de Cocody.
Maintenant, pourquoi Jean-Marc se lance en politique à Cocody? C’est justement parce que la vision des pères fondateurs n’a pas été respectée. Cocody est aujourd’hui désenchantée. Il y a trois niveaux de Cocody à la vérité: il y a le niveau très bourgeois où le mètre carré coûte 500.000 FCFA, le niveau moyen, tous les Ivoiriens y viennent et y vivent . Ce qui explique la démographie hyper galopante. Et puis, il y a l’envers du décor, l’envers de la médaille: ce côté que l’on ne voit pas une fois abandonnées les grandes avenues, les tréfonds qui font peine à voir. Une forme de miroir brisé.
Justement, la cohabitation de ces « trois Cocody » là donne quelque chose de désarticulé, donné un Cocody désenchanté. Nous nous portons candidat, nous rentrons dans cet engagement là pour améliorer les choses.

Q7- Alors, on ne va pas au combat tout seul, on ne va au combat avec seulement sa famille. Quelle est votre base? Quels sont vos combattants? Comment l’idée a germé?

L’idée est venu de la volonté d’apporter un projet moderne à Cocody. Ce projet, nous l’appelons, « Cocody, première commune Smart city. ». La smart city est la cité intelligente qui se projette dans l’avenir, qui d’auto-régule et qui bâtit dès aujourd’hui, la cité de demain. Nous avons posé pour postulat que si Cocody n’est pas le fer de lance de la révolution technologique, il ne saurait y avoir de révolution technologique. Si Cocody n’est pas technologique, aucune commune ne saurait l’être. Si Cocody n’est pas smart city, aucune commune ne le serait. Donc, tout part de cette volonté d’apporter de la modernité, du modernisme, de l’évolution, de la révolution technologique. Ensuite, comme tout projet, on regarde l’environnement. On pèse les forces en présence. On regarde les points faibles, regarde les points forts, puis on monte son projet. Nous avons regardé Cocody comme un projet. Nous avons vu que le moment était favorable, favorable pourquoi? En 2018, ce ne sont pas les partisans des partis politiques qui donne la victoire, c’est le citoyen. Il faut mettre le citoyen au cœur de sa préoccupation. Il faut avoir un projet pour le citoyen. Il faut parler au citoyen. C’est ce que nous avons fait.
Il y a dix mois en arrière, quand nous nous engagions dans ce projet, nous sommes à la rencontre des communautés, des diverses communautés. Et, à chaque fois nous parlions au communautés, nous les intégrions au projet. C’est ainsi que nous avons bâti un projet participatif et inclusif dans lequel nous avons fédéré toutes les énergies, toutes les synergies. Ça transcende les partis politiques, les communautés, les clivages religieux. Et ça, c’est Cocody!

Q8: Disons les choses de façon triviale. Pour le commun des mortels, pour le citoyen lambdas de Cocody, quelle est la réalité concrète de cité intelligente? Comment il quantifie cela?

Smart city, c’est déjà de la planification. Pour construire une maison, il faut un plan. Je l’ai dit, les pères fondateurs avaient un plan. Et ce plan là n’a pas été respecté. Il s’agit aujourd’hui de refaire cette planification là. Se projeter dans l’avenir. Qu’est ce que nous voulons de Cocody. Où les gens doivent-ils habiter? Quelles sont les zones qui ne doivent pas être habitées et qui doivent être réservées par exemple, à de la verdure? Où sont les zones où l’on doit trouver un peu plus d’éducation, un peu plus de terrains de jeu aménagés, comment on gère les catastrophes naturelles, comment on gère les phénomènes des inondations, comment on gère les problèmes de sécurité dans Cocody, comment on gère une meilleure réallocation des ressources, comment on s’assure que dans les hôpitaux, il y a le minimum vital, comment on s’assure qu’il n’y a pas de gaspillage qui soit fait, comment on s’assure qu’il y a une meilleure fluidité routière, c’est tout ça, smart city. À la vérité, smart veut dire intelligent. Donc, une mesure intelligente est vraiment la panacée pour une commune comme Cocody qui se veut moderne.
Nous allons donc impacter positivement tous les aspects de la vie. Apporter du travail à nos jeunes. Créer une chaîne de valeurs sur laquelle tout le monde pourra se greffer. Nous allons faire de notre commune, un incubateur de Start up. C’est dire que nous allons financer les jeunes pour qu’ils puissent entreprendre. Nos jeunes ont souvent de belles idées mais ils n’ont pas les moyens pour entreprendre. La mairie, dans son volet incubateur, va aider au financement, au lancement de ces entreprises là.
Nous avons nos mères, nos sœurs, nos femmes qui mènent des activités qui sont beaucoup trop informelles. Nous allons les professionnaliser, les formaliser de sorte à améliorer l’autonomisation des femmes.
Nous avons nos Seniors: vous savez, en Côte d’Ivoire, on part à la retraite à 55 ans, à 60 ans. On est encore bon pour le service mais il faut déjà partir pour la retraite, au moment même où on est un condensé d’expériences. Nous allons transformer ces Seniors là En coaches, en mentors, en consultants pour encadrer les jeunes entrepreneurs que nous allons lancer. Ils ont souvent de belles idées, ils ont souvent le génie, mais qui ne savent pas comment on gère une entreprise, qui ne savent pas comment on organise les choses. Nos allons les aider. Et justement, nous allons repenser Cocody pour en faire dès aujourd’hui, la cité qu’il faut pour demain.

Q9- Vous vous êtes demandé à un moment ou à un autre, pourquoi les anciens maires n’ont peut-être jamais réussi à sortir Cocody des sentiers battus? Avez identifié ce qui fut leur blocage ou leur incapacité?


Le premier dès blocage, c’est un manque de vision. Quand on n’a pas de vision, on ne peut pas aller quelque part. Malheureusement, nous avons été gérés où nous sommes gérés par des gens qui manquent de vision. C’est la pire des calamités, manquer de vision. Malheureusement, à Cocody, les tenants manquent de vision.
L’autre handicap, nous sommes gangrenés par la cupidité. Quand vous prenez le secteur des transports, c’est une vraie mafia. Des syndicats qui n’ont pas lieu d’être qui foisonnent et qui ont pignon sur rue. Juste pour tirer des prébendes des gens qui souffrent pour conduire leurs véhicules ou des gens qui souffrent pour les acheter. La cupidité s’est aussi révélée dans notre quotidien de vie avec des terrains ou des zones aménagés qui ne devraient pas l’être. On a construit dans des lits de rivière, on a construit dans des bassins d’orage, on a bouché des canalisations pour faire des commerces. Et tout ça, justement, crée la situation catastrophique de Cocody que nous connaissons.

Q10: Les faits que vous dénoncez relèvent pour certains de l’administration publique plutôt que des gestionnaires des cités…

Tout part de la volonté. Personne, a elle seule, ne peut régler tous les problèmes. Pour certains problèmes, il faut un plaidoyer. Pour d’autres, s ites l faut dénoncer. Et puis, la mairie est la forme la plus aboutie de la décentralisation.
Ce qui est décidé en haut, les gestionnaires locaux doivent l’adapter au mieux. On ne leur demande pas de tout acheter ou de tout prendre. Nous avons notre mot à dire. En tant que gestionnaire de la cité, il faut penser chacune de nos cités que nous voulons gérer.

Q11- Alors Jean-Marc Gauze, au soir du 13 octobre 2018, si vous êtes élu maire de Cocody, quelles seraient les premières mesures que vous mettriez en œuvre?

Nous allons faire simple: au soir du 13 octobre 2018, Jean-Marc Gauze est maire, dès la fin du mois d’octobre, nous lançons le chantier de l’adressage des rues. Nous sommes en 2018. Pour indiquer une maison, c’est toute une catastrophe. Il faut se référer à la boutique du Mauritanien, à la vendeuse d’alloco… Ça fait pas digne. Ça fait pas Cocody. Toutes les rues auront une appellation ivoirienne. Nous allons profiter pour valoriser nos devanciers. Faire, l’avenue Mel Eg Théodore, honorer nos responsables anciens, célébrer tous ceux qui ont fait les beaux jours de Cocody. Nous allons aussi profiter pour célébrer les personnalités politiques, culturelles et sportives. Une telle mesure, elle est pratique, elle est simple. Elle est efficace. 800 emplois directs. 2500 emplois indirects. C’est donc la création des emplois pour des jeunes. Les ressources que ce seul projet peut générer sur la durée du mandat, entre 4 et 5 milliards FCFA. Lesquelles ressources disponibles vont nous permettre de financer les aires de jeu aménagées dans les quartiers pour mettre au coeur de notre jeunesse, une culture du Sport, une culture de l’excellence, un esprit de compétitivité, une envie de vouloir se prendre en charge, une envie de développement de carrière politique, culturelle, sportive…
Nous allons poursuivre avec l’incubateur, financer l’incubateur. Nous sommes pragmatiques. Nous sommes pratiques. Nous sommes simples. De l’ambition tout en prenant appui sur quelque chose de réaliste, de réalisable. Et que nous allons réaliser.

Q12- L’opinion de Cocody comprend et épouse votre discours sur le terrain?

Les gens sont toujours un peu réservés, mesurés quand ils vous rencontrent pour la première fois. Mais quand ils vous écoutent parler, ils voient la passion qui vous anime, le réalisme dont vous faites preuve, leurs ambitions à eux, leurs rêves à eux et surtout, toutes leurs difficultés au quotidien, ils finissent par épouser votre discours, ils sont de plus en plus attentifs. Leurs attentions se manifestent par davantage de questions. Et nous donnons davantage d’explications qui rassurent.
Il y a une tonalité dans La campagne: il y a une catégorie de candidats qui revendiquent tous, l’appartenance à une tendance politique. Les populations ne sont pas en quête de qui représente le mieux un parti ou un autre. Elles sont en quête de « qu’est ce qu’on va faire pour elles. ».
Et puis, il faut connaître le terrain. Je vais vous donner quelques statistiques sur Cocody: 450 mille habitants, 230 mille inscrits sur la liste électorale. En 2013, 33 mille votants. En 2016, 34 mille votants. Si on suit la courbe d’évolution du vote à Cocody, en 2018, on aura 35 mille votants. 35 mille personnes vont devoir choisir pour 450 mille habitants. 35 mille devront choisir parmi 11 candidats. Autant vous dire que les voix seront balkanisées. Et d’ailleurs, c’est le coup tactique sur lequel nous misons.

Interview réalisée dans le cadre du programme #Electionstour du journaliste émérite Fernand DEDEH.

Hartman N'CHO

Je suis Hartman N'CHO, journaliste professionnel ivoirien, aimant la lecture, la musique, les voyages. Merci de retrouver mes articles de politique, économie, et sports... sur www.afrikmag.com. Contactez-moi sur hartman.ncho@afrikmag.com

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