Afrique

Libye: Quel bilan, 6 ans après la révolution?

Il y a six ans que débutait en Libye, la revolte populaire qui s’inscrivait dans la vague du printemps arabe, mettant fin au régime de Mouammar Kadhafi. Quel est aujourd’hui le sort du peuple Libyen?

Aujourd’hui six ans après cette révolte qui s’était muée en un conflit meurtrier, le constat est sans appel. Le pays va mal. On a assisté depuis à des interminables crises de transition. A Tripoli la capitale, comme ailleurs, la vie quotidienne est devenue une rude épreuve avec les pénuries d’électricité, de carburant et d’eau, la crise des liquidités et la dévaluation sans précédent de la monnaie nationale, mais aussi les violences.

« On s’est débarrassé d’un dictateur [Mouammar Kadhafi a été tué en décembre 2011, NDLR] pour en voir apparaître 10 000 à sa place« , se révolte une habitante de Tripoli, Fatma al-Zawi, en faisant allusion aux seigneurs de guerre et à leurs milices qui font la loi dans le pays depuis 2011.

Les autorités actuelles sont dans l’incapacité d’assurer les services de base car, elles sont paralysées depuis six ans par les luttes d’influence sans merci entre tribus, courants politiques ou idéologies.

Situation sécuritaire inquiétante:

L’absence de forces de sécurité régulières, dans ce pays pétrolier aux frontières poreuses est devenu un carrefour de contrebande d’armes et surtout de trafic lucratif de migrants d’Afrique sub-saharienne qui tentent la périlleuse traversée de la Méditerranée pour rejoindre l’Europe.

Profitant du chaos, les jihadistes, notamment ceux du groupe État islamique (EI), ont fait de l’immense zone libyen une de leurs bases.

La formation d’un gouvernement d’union nationale (GNA), prévue lors d’un accord signé en décembre 2015 sous l’égide de l’ONU au Maroc, avait ravivé une lueur d’espoir vis à vis de la stabilité. Mais depuis son installation à Tripoli en mars 2016, cet exécutif ne fait pas toujours l’unanimité et n’arrive même pas à asseoir son autorité sur la capitale, qui est sous la coupe de dizaines de milices dont les allégeances et les zones de contrôle sont mouvantes.

Des discussions sont ainsi en cours pour revoir l’accord, mais des experts se disent déjà sceptiques. « Cela fait six ans que la communauté internationale s’évertue à imposer un gouvernement démocratique et uni alors qu’il n’existe aucune base sur laquelle un tel exécutif peut reposer », constate Federica Saini Fasanotti, de la Brookings Institution basé à Washington. Déclarant ne pas s’attendre à « un règlement politique décisif en 2017 », Claudia Gazzini, de Crisis Group, estime que la priorité doit être le rétablissement de l’économie, très dépendante de l’or noir. « Le risque d’une nouvelle détérioration de l’économie est bien réel malgré la hausse de la production pétrolière » ces derniers mois, prévient cette experte.

Mais certains Libyens restent confiants et assument ce départ de Mouammar Kadhafi à travers la commémoration de 6ème anniversaire de la révolution. Le vendredi 17 février, des milliers de Libyens brandissant le drapeau national se sont rassemblés dans l’après-midi et en début de soirée sur la place des martyrs dans le centre de la capitale, dont le ciel était illuminé par les feux d’artifice.

La place a été entourée de strictes mesures de sécurité, mises en place par des forces loyales au gouvernement d’union appuyées par la communauté internationale.

Hippolyte YEO

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