
Les travailleurs du monde entier, en particulier dans les pays les plus difficiles, sont confrontés à des défis croissants alors que les droits fondamentaux du travail, notamment la capacité de s’organiser, de négocier collectivement et de protester contre des conditions dangereuses ou injustes, sont de plus en plus menacés.
L’Indice mondial des droits 2025 de la Confédération syndicale internationale (CSI) dresse un tableau saisissant de la dégradation de la situation des droits du travail et des libertés démocratiques des travailleurs dans le monde.
Alors que les notes moyennes des pays sont en baisse dans trois des cinq régions et que l’Europe et les Amériques enregistrent leurs scores les plus bas depuis le lancement de l’indice en 2014, le rapport met en évidence une crise croissante pour les syndicats et les travailleurs.
Seuls sept des 151 pays étudiés ont obtenu les meilleures notes, soulignant l’escalade des atteintes à l’accès à la justice, à la liberté d’expression, de réunion et de négociation collective. Parmi ces pays figurent l’Autriche, le Danemark, l’Allemagne, l’Islande, l’Irlande, la Norvège et la Suède.
De l’intimidation et de la répression aux restrictions de la liberté d’expression et de réunion, les travailleurs sont souvent exposés à l’exploitation, laissant des millions de personnes en difficulté pour obtenir un traitement équitable et des conditions de travail sûres.
Le secrétaire général de la CSI, Luc Triangle, a qualifié cette tendance de « coup d’État contre la démocratie », avertissant que les politiciens d’extrême droite et les élites milliardaires, des États-Unis à l’Argentine, concentrent le pouvoir et érodent les protections qui affectent directement des millions de travailleurs.
Résultats régionaux : l’Afrique parmi les plus durement touchées
L’Index, qui couvre désormais 151 pays, offre une évaluation complète des violations des droits des travailleurs dans le monde.
Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord restent les régions les plus répressives, tandis que l’Afrique a enregistré un score de 3,95 sur une échelle de 1 à 5 où 1 indique des violations sporadiques des droits et 5 représente l’absence de garantie des droits en raison d’une rupture de l’État de droit, soulignant davantage les défis généralisés et systémiques à travers le continent.
Notes régionales 2025 :
- Moyen-Orient et Afrique du Nord : 4,68
- Asie-Pacifique : 4,08
- Afrique : 3,95
- Amériques : 3,68
- Europe : 2,78
Le tableau ci-dessous met en évidence les pays les plus difficiles pour les travailleurs, en mettant l’accent sur les pays les moins bien notés.
Une note de 5+ signifie qu’il n’y a aucune garantie de droits en raison d’un effondrement total de l’état de droit, résultant souvent d’un conflit interne ou d’une occupation militaire.
Une note de 5 indique également l’absence de garantie de droits, les travailleurs se voyant effectivement refuser l’accès aux protections juridiques et étant soumis à des régimes autocratiques et à des pratiques de travail déloyales.
Les notes inférieures sont 4 (violations systématiques des droits) , 3 (violations régulières des droits) , 2 (violations répétées des droits) et 1 (violations sporadiques des droits) .
| Rang | Pays | Notation |
|---|---|---|
| 1 | Bangladesh | 5 |
| 2 | Biélorussie | 5 |
| 3 | Équateur | 5 |
| 4 | Egypte | 5 |
| 5 | Eswatini | 5 |
| 6 | Birmanie | 5+ |
| 7 | Nigeria | 5 |
| 8 | Les Philippines | 5 |
| 9 | Tunisie | 5 |
| 10 | Turquie | 5 |
Répression, manifestations et répression des syndicats en Afrique
Partout en Afrique, les travailleurs sont confrontés à des difficultés extrêmes dans des pays classés parmi les plus défavorisés en matière de droits du travail. Des répressions violentes de grèves et de manifestations ont été constatées au Burundi, en République centrafricaine, en Libye, en Somalie, au Soudan du Sud, au Soudan, en Algérie, en Égypte, en Érythrée et en Eswatini.
Les employeurs de ces pays sapent fréquemment l’activité syndicale, laissant les travailleurs très vulnérables à l’exploitation et aux violations de leurs droits.
Arrivant en 7ème position, le Nigeria fait une nouvelle entrée dans le classement de l’Index des pays les plus difficiles pour les travailleurs, rejoignant l’Eswatini et l’Egypte où les syndicalistes continuent de faire face à la répression.
Les autorités d’Eswatini, de Guinée-Bissau et du Zimbabwe ont également interdit les manifestations et restreint la liberté de réunion.
Les régimes militaires au Burkina Faso, au Tchad, au Gabon et au Mali ont empêché les syndicats de fonctionner librement, tandis que les conflits armés au Soudan du Sud et au Soudan ont laissé des millions de travailleurs sans moyens de subsistance.
L’escalade de la violence dans l’est de la République démocratique du Congo a aggravé la situation humanitaire, déplaçant plus de 700 000 personnes et paralysant les hôpitaux, les réserves alimentaires et les services de base.



