
Une influenceuse indonésienne, Ratu Thalisa, a été condamnée à deux ans et dix mois de prison pour avoir tenu des propos jugés haineux envers le christianisme.
La peine a été prononcée par un tribunal de la province de Sumatra du Nord, à la suite de propos tenus lors d’un direct sur TikTok en octobre 2024.
Musulmane et femme transgenre suivie par près de 450 000 abonnés sur la plateforme, Thalisa — connue sous le pseudonyme de Ratu Entok — avait réagi à un internaute lui demandant de se couper les cheveux pour « ressembler à un homme ». En réponse, elle avait brandi une image de Jésus-Christ en déclarant : « Tu ne devrais pas ressembler à une femme. Tu devrais te couper les cheveux pour ressembler à son père. »
Cette remarque a suscité l’indignation de plusieurs groupes religieux. Cinq organisations chrétiennes ont porté plainte pour blasphème, entraînant l’arrestation de Thalisa le 8 octobre dernier. Elle a ensuite été condamnée en vertu de la loi indonésienne sur les informations et transactions électroniques (EIT), pour avoir troublé « l’ordre public » et menacé « l’harmonie religieuse ».
En plus de sa peine de prison, elle devra s’acquitter d’une amende de 6 200 dollars.
L’affaire a suscité une vague de réactions, notamment de la part d’Amnesty International. Usman Hamid, directeur exécutif de la branche indonésienne de l’organisation, a dénoncé une « atteinte choquante à la liberté d’expression », affirmant que la loi EIT était régulièrement utilisée pour museler des voix dissidentes ou controversées en ligne.
Entre 2019 et 2024, au moins 560 personnes ont été poursuivies en Indonésie pour des infractions liées à cette loi, souvent pour diffamation ou discours de haine. Si la majorité des condamnations pour blasphème concernent des atteintes à l’islam, le cas de Thalisa montre que d’autres religions ne sont pas épargnées par cette législation controversée.