
En 2024, les gouvernements africains ont intensifié leurs efforts pour faire taire la dissidence, ce qui a entraîné un nombre record de pannes numériques coupant les connexions Internet sur tout le continent.
Un rapport du groupe de défense des droits Internet Access Now et de la coalition #KeepItOn a révélé que 21 coupures d’Internet ont été enregistrées dans 15 pays africains, dépassant le précédent record de 19 coupures en 2020 et 2021.
Les pays touchés sont le Soudan, la Tanzanie, le Sénégal, les Comores et la Guinée-Bissau, ainsi que le Burundi, l’Éthiopie, la Guinée équatoriale, le Kenya, la Guinée et le Nigéria, dont beaucoup ont l’habitude d’imposer des restrictions sur Internet.
Ces fermetures étaient principalement liées aux troubles politiques, aux élections et aux mesures de répression sécuritaire, souvent utilisées par les autorités pour réprimer les voix de l’opposition.
À l’échelle mondiale, les coupures d’Internet ont atteint un record de 296 cas dans 54 pays en 2024, contre 283 coupures dans 39 pays l’année précédente.
Access Now a décrit cette année comme la pire année en termes de restrictions Internet depuis qu’elle a commencé à les suivre en 2016, soulignant que les coupures sont de plus en plus utilisées comme une arme pour contrôler l’information, en particulier pendant les crises.
Depuis 2016, un total de 1 754 coupures d’Internet ont été enregistrées dans le monde, perturbant la communication à des moments critiques.
L’Afrique perd davantage à cause des coupures d’Internet
Les gouvernements justifient souvent les coupures d’Internet en invoquant des problèmes de sécurité nationale, des tensions liées aux élections ou des efforts visant à prévenir la désinformation.
Cependant, les critiques affirment que ces restrictions violent les droits numériques et la liberté d’expression.
Les coupures d’Internet ne sont jamais justifiées. Depuis 2016, la coalition #KeepItOn a documenté les dommages évidents causés par ces coupures et contribué à consolider le consensus international sur leur incompatibilité avec les droits humains. Malgré ces avancées, les auteurs de coupures d’Internet dans le monde entier continuent d’utiliser cette tactique pour réduire au silence et isoler en toute impunité , souligne le rapport.
Un rapport de Top10VPN révèle que l’Afrique subsaharienne a perdu environ 1,56 milliard de dollars en raison de 32 938 heures de perturbations Internet, affectant plus de 111,2 millions de personnes.
Ces fermetures ont été principalement imposées par le gouvernement, souvent en réponse à des conflits, à des troubles politiques et à des tentatives de freiner la dissidence.
L’impact financier plus large de ces fermetures a été dévastateur, contribuant à des pertes importantes dans les secteurs de la technologie et du commerce électronique.
Malgré la condamnation internationale, les coupures d’Internet restent un outil de censure courant en Afrique, soulignant la tension croissante entre le contrôle de l’État et la nécessité d’un accès numérique ouvert.
Selon le rapport, les pays africains suivants ont connu des coupures d’Internet en 2024 :
Rang | Pays | Nombre de fois bloqué |
---|---|---|
1 | Soudan | 4 |
2 | Tanzanie | 4 |
3 | Sénégal | 3 |
4 | Tchad | 2 |
5 | Ethiopie | 2 |
6 | Kenya | 2 |
7 | Mauritanie | 2 |
8 | Mozambique | 2 |
9 | Ouganda | 2 |
Le tableau met en évidence les coupures d’Internet dans les pays africains, montrant à quelle fréquence les gouvernements ont bloqué l’accès à Internet en 2024.
- Le Soudan et la Tanzanie ont enregistré le plus grand nombre de fermetures (4 chacun), probablement en raison de troubles politiques et de la répression gouvernementale contre la dissidence.
- Le Sénégal a suivi avec 3 fermetures, reflétant les restrictions imposées par le gouvernement lors de manifestations ou d’élections.
- Le Tchad, l’Éthiopie, le Kenya, la Mauritanie, le Mozambique et l’Ouganda ont chacun connu deux fermetures, souvent liées à des élections, des manifestations ou des problèmes de sécurité.
Ces fermetures perturbent la communication, limitent l’accès à l’information et affectent les activités économiques, souvent pendant les périodes de tension politique ou de conflit.
À l’échelle mondiale, quatre pays ont été responsables de 71 % des coupures d’Internet, avec 209 cas. Le Myanmar est en tête avec 85 coupures, en grande partie imposées par le régime militaire dans un contexte de guerre civile en cours.
L’Inde suit avec 84 fermetures, marquant la première fois depuis 2018 qu’elle n’est pas le principal responsable.
Le Pakistan a enregistré 21 fermetures, son plus grand nombre jamais enregistré, tandis que la Russie en a imposé 19, dont sept en Ukraine, au cours de son invasion continue.