
Alors que le président sud-africain Cyril Ramaphosa s’apprête à rencontrer Donald Trump à la Maison Blanche ce mercredi, Pretoria a vivement rejeté les allégations américaines d’un « génocide » contre les Afrikaners, qualifiant ces accusations de « mensonge » et de « désinformation ».
Cette polémique s’inscrit dans un contexte de relations bilatérales exécrables, marquées par des divergences géopolitiques et économiques .
Le gouvernement sud-africain a réagi avec colère à l’accueil, le 12 mai , de 49 Afrikaners (descendants de colons européens) par les États-Unis sous le statut de réfugiés. Washington justifie cette mesure par une prétendue « persécution raciale » et une « situation terrible » pour cette minorité, affirmant que des fermiers blancs sont systématiquement ciblés .
Pourtant, les données officielles contredisent cette thèse :
– 49 meurtres ont été recensés dans des fermes en 2023, soit moins de 0,2% des 26 000 homicides annuels en Afrique du Sud .
– La majorité des victimes sont des
jeunes hommes noirs en zones urbaines, selon la police locale .
– Aucune preuve ne démontre une cible raciale , comme l’a souligné Loren Landau, expert en violences xénophobes : « Les Blancs sont victimes de crimes, comme tout le monde, mais aucun n’est spécifiquement visé ».
Le porte-parole de la présidence sud-africaine, Vincent Magwenya , a fustigé une « campagne de propagande » , estimant « absolument impossible que l’administration Trump ignore la fausseté de ses affirmations ».
Cette polémique s’ajoute à d’autres tensions entre les deux pays :
1. La plainte pour génocide contre Israël : Pretoria a saisi la Cour internationale de justice (CIJ) en décembre 2023, accusant Israël de violations à Gaza – une initiative qui a irrité Washington, allié indéfectible de Tel Aviv .
2. Les réformes foncières : Donald Trump et Elon Musk dénoncent une loi sud-africaine autorisant l’expropriation de terres inutilisées, y voyant une discrimination anti-blanche. Pourtant, le gouvernement assure que ces mesures visent à corriger les inégalités historiques de l’apartheid, où 72% des terres agricoles étaient détenues par des Blancs (7% de la population) .
3. Les enjeux économiques : Les États-Unis, deuxième partenaire commercial de l’Afrique du Sud, menacent de suspendre l’accord AGOA (accès préférentiel au marché américain), ce qui pourrait coûter des milliers d’emplois .
Arrivé à Washington ce lundi, Cyril Ramaphosa espère « raviver » les relations avec les États-Unis, mais refuse de céder sur deux points :
– Maintien de la plainte à la CIJ contre Israël.
– Poursuite des réformes pour rééquilibrer les droits fonciers .
Pour Pretoria, l’enjeu est aussi de contrer une théorie complotiste relayée par l’extrême droite mondiale : celle d’un « génocide blanc » alimentée par des figures comme Elon Musk, dont l’IA Grok répète ces affirmations sans fondement .