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Délivrance des Visas français: deux députés plaident pour l’Afrique

Dans les ambassades et consulats français en Afrique, le traitement des dossiers pour la délivrance des visas est souvent trop long, trop cher, trop restrictif, souvent incompréhensible. Un visa pour la France en venant d’Afrique relève souvent du parcours du combattant.

Il y a quelques jours, deux députés de la majorité ont évoqué le sujet à l’assemblée nationale en France et présentant aujourd’hui un rapport visant à faciliter le processus.

« Cette mission est née d’un sentiment de décalage entre l’ambition affichée par l’exécutif et la réalité sur le terrain. » C’est en ces termes que débute le rapport d’information présenté ce 12 janvier devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française par les deux députés Sira Sylla, élue de Seine-Maritime et M’jid El Guerrab, député des Français de l’étranger dont la circonscription couvre l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest.

Très souvent sollicités par des électeurs qui rencontrent des problèmes de visa : étudiants, Français en couple avec un étranger, entreprises souhaitant faire venir des salariés pour une mission ponctuelle.

C’est au regard du nombre important des requêtes qu’ils se sont penchés sur le processus de délivrance des visas, en particulier en Afrique.

« L’Afrique subsaharienne représente 15 % de la population mondiale mais seulement 10 % des visas délivrés par la France », révèle le rapport des deux parlementaires qui soulignent que certains pays sont particulièrement mal traités. Si le taux moyen de refus de visas est de 16,3 % au niveau mondial, il atteint 45 % pour les demandeurs algériens.

Sur les raisons de cet important nombre de rejet, le problème est à la fois individuel, humain et politique comme l’indique Sira Sylla: « Je travaille tout particulièrement sur le continent et sur la concrétisation des propos tenus par le président de la République lors de son discours de Ouagadougou, lorsqu’il a dit que l’Afrique était une priorité, qu’il fallait parler de mobilité circulaire, d’un partenariat reconstruit. »

La difficulté rencontrée pour obtenir un visa, y compris dans le cadre de dispositifs censés faciliter la circulation comme Campus France ou le système « passeport talent », va clairement à l’encontre des propositions d’Emmanuel Macron, et les deux députés veulent y remédier.

« Ce qui ressort de mes échanges avec les gens de la diaspora, mais aussi avec les habitants du continent, comme ceux de Djibouti, où j’étais hier, c’est une attitude pragmatique. Beaucoup ont le sentiment que la France les a oubliés. Qu’elle vit sur une rente de situation, notamment avec les pays francophones. Alors ils s’en détournent. À Djibouti, les gens m’ont dit clairement : aujourd’hui, notre partenaire, c’est la Chine. »

Durant plusieurs mois, les deux députés ont rencontré de nombreux acteurs intervenant dans la délivrance de visas à destination des ressortissants du continent. Ils tirent plusieurs constats de leur enquête.

D’abord, ils observent un manque d’équilibre dans la gestion gouvernementale du système. Aujourd’hui, en France, la politique d’attribution des visas est copilotée par les ministères des Affaires étrangères et de l’Intérieur. Or « depuis le mandat de Nicolas Sarkozy », de 2007 à 2012, c’est ce dernier ministère qui a pris l’ascendant, faisant passer les questions de sécurité et de lutte contre l’immigration irrégulière avant toute autre considération. « La sécurité c’est important, admet Sira Sylla, mais il ne faut pas non plus négliger l’attractivité de la France. »


Deuxième observation: la délégation d’une partie du processus de délivrance à des prestataires privés semble avoir eu un impact positif. « Sans ces prestataires, on n’aurait tout simplement pas pu répondre à la demande dans certains pays. Ils ont fluidifié le processus », assure M’jid El Guerrab.

« J’étais sceptique au départ, rebondit Sira Sylla. Confier une mission qui relève du régalien à des acteurs privés, cela me posait problème. Mais j’ai été agréablement surprise. On ne voit plus, comme avant, ces longues files d’attente devant les consulats, les gens sont mieux accueillis, mieux respectés. »

Le processus d’obtention d’un visa reste toutefois compliqué dans bien des cas, et demeure souvent trop long. Les députés proposent d’ailleurs de généraliser le dispositif de délivrance des visas en quarante-huit heures. « Cela fonctionne en Asie, souligne M’jid El Guerrab. Pourquoi pas en Afrique ? »

Crédit photo: Jeune Afrique

Oscar Mbena

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