
Dans un geste sans précédent, le président ougandais Yoweri Museveni et son épouse Janet Museveni ont demandé pardon ce week-end pour les « erreurs », le « laxisme » et les « négligences » accumulés durant leurs près de quatre décennies à la tête du pays.
Cette déclaration, lue lors d’une cérémonie de prière organisée par leur fille, marque un tournant dans l’histoire politique de l’Ouganda, mais suscite aussi des interrogations sur ses motivations.
Devant une assemblée recueillie, le couple présidentiel a reconnu les « lacunes » de son gouvernement :
« En tant que hauts dirigeants du mouvement, nous assumons humblement la responsabilité de toutes les erreurs commises par nous-mêmes, nos agents et nos représentants. Nous sommes donc ici pour nous repentir et implorer votre pardon. »
Ces mots, préparés à l’avance, contrastent avec l’image d’un régime souvent accusé d’autoritarisme. Museveni , au pouvoir depuis 1986 après une prise de contrôle armée, a remporté toutes les élections depuis, malgré des accusations récurrentes de fraude et de répression.
Ces excuses surviennent dans un climat de crise politique:
– Répression accrue : plus tôt ce mois-ci, le garde du corps de Bobi Wine , leader de l’opposition, aurait été torturé par Muhoozi Kainerugaba , fils de Museveni et chef de l’armée. Ce dernier a même menacé sur X (ex-Twitter) d’expulser tout citoyen votant contre son père en 2026.
Ouganda : le fils du président menace d’expulser les électeurs qui voteront contre son père
– Enjeux économiques : La récente découverte de 31 millions de tonnes d’or (estimées à 12 000 milliards de dollars) pourrait transformer l’économie ougandaise, mais la population doute d’en bénéficier.
Si certains y voient une prise de conscience tardive , d’autres dénoncent une stratégie de communication à l’approche des élections de 2026.
Museveni, âgé de 79 ans , avait promis en 2006 de quitter le pouvoir, mais il briguera probablement un sixième mandat.
Le geste de Museveni, bien qu’inédit, laisse sceptique une population lassée par 38 ans de pouvoir continue.
Reste à savoir si ces paroles s’accompagneront d’actes concrets – ou si elles ne sont qu’un écran de fumée avant une nouvelle campagne électorale sous tension.