
L’influence de la France en Afrique s’affaiblit, mais elle n’a pas disparu. Si les liens politiques s’estompent, son emprise économique reste forte, notamment en matière de monnaie.
L’emprise de la France sur l’Afrique se relâche, mais elle n’a pas encore disparu. Des pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont chassé les troupes françaises et forgent de nouvelles alliances, montrant clairement qu’ils ne reçoivent plus d’ordres de leur ancien colonisateur.
Mais si les liens politiques se défont, l’influence économique demeure, notamment en matière monétaire. Quatorze pays africains utilisent encore des monnaies imprimées en France, un système qui les maintient financièrement liés au pays.
Certains dirigeants ont appelé à une véritable indépendance monétaire, mais s’affranchir du franc CFA n’est pas si simple. Il s’agit d’un système profondément ancré dans leurs économies, et le dénouer ne se fera pas du jour au lendemain.
Le rôle de la France dans la production du franc CFA
Le franc CFA a été introduit en 1945 pour stabiliser les économies des colonies africaines de la France et, même après l’indépendance, il est resté la monnaie officielle de plusieurs pays.
Depuis sa création, la Banque de France est chargée de produire les billets et les pièces en francs CFA dans son usine de Chamalières.
Aujourd’hui, cette monnaie est divisée en deux zones monétaires : le franc CFA d’Afrique de l’Ouest (XOF) et le franc CFA d’Afrique centrale (XAF).
Franc CFA d’Afrique de l’Ouest (XOF) | Franc CFA de l’Afrique centrale (XAF) |
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Bénin | Cameroun |
Burkina Faso | République centrafricaine |
Guinée-Bissau | Tchad |
Côte d’Ivoire | République du Congo |
Mali | Guinée équatoriale |
Niger | Gabon |
Sénégal | |
Togo |
Le franc CFA ouest-africain (XOF) est la monnaie officielle de huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
De même, le franc CFA d’Afrique centrale (XAF) est utilisé par six pays qui font partie de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC).
Bien qu’elles disposent de banques centrales distinctes, les deux monnaies sont rattachées à l’euro et leur émission est toujours contrôlée, au moins en partie, par la France.
Le franc CFA est souvent vanté pour sa stabilité monétaire, sa faible inflation et la facilité des échanges entre les pays membres. Contrairement aux pays dont la monnaie locale est faible ou volatile, les économies de la zone CFA bénéficient d’un taux de change fixe avec l’euro, ce qui réduit les risques d’hyperinflation.
De plus, ce système a historiquement rassuré les investisseurs étrangers en garantissant la convertibilité en une monnaie internationale forte.
Pousser vers l’indépendance monétaire
Mais les critiques soutiennent que cette stabilité se fait au détriment de la souveraineté économique. Jusqu’à récemment, les pays africains utilisant le franc CFA étaient tenus de déposer 50 % de leurs réserves de change auprès du Trésor français, ce qui donnait à la France un contrôle substantiel sur leurs politiques financières.
Bien que cette exigence ait été réduite en 2019, les implications symboliques et pratiques du maintien de la surveillance française restent un point de discorde majeur.
Ces dernières années, la pression pour abandonner le système du franc CFA s’est accrue. Les dirigeants ouest-africains ont proposé la création de l’ ECO , une monnaie régionale destinée à remplacer le franc CFA, mais son lancement a été reporté à plusieurs reprises.
Des pays comme le Mali et la Guinée-Bissau ont ouvertement critiqué le contrôle financier continu de la France, le considérant comme une forme persistante d’influence coloniale.