
La Guinée, premier producteur de bauxite d’Afrique, a révoqué 46 licences minières dans le cadre d’une vaste initiative visant à renforcer le contrôle de l’État sur ses vastes ressources minérales.
Cette action s’inscrit dans le cadre d’une vaste réforme sectorielle menée en Guinée, visant à réduire les violations réglementaires, à stimuler la collecte des recettes et à garantir que les activités minières contribuent plus directement aux objectifs de développement national.
Selon Reuters, des sources gouvernementales affirment que le nombre de permis concernés pourrait atteindre 53, ce que les analystes interprètent comme un signal adressé aux plus grands opérateurs indiquant que l’État est sérieux dans sa volonté de faire respecter la réglementation dans le deuxième plus grand pays producteur de bauxite au monde.
Cette évolution reflète une tendance plus large à travers l’Afrique, où les gouvernements réévaluent leur contrôle sur les secteurs miniers critiques.
Dans d’autres pays dirigés par l’armée, comme le Niger, le Mali et le Burkina Faso, des mesures de répression similaires ont été prises contre les exploitants miniers peu performants ou non conformes. Le Ghana a également récemment procédé à des révocations de licences visant des entreprises de son secteur minier.
Alors que les récentes annulations en Guinée concernent les opérations de bauxite, d’or, de diamant et de graphite, les responsables insistent sur le fait que cette mesure vise principalement les petites entreprises qui n’ont pas respecté leurs obligations d’investissement ou qui ont enfreint les directives opérationnelles.
« Il s’agit simplement de petites licences sous-performantes », a déclaré à Reuters un analyste minier familier de la situation, soulignant que l’impact sur le marché devrait être minime.
Les opérations d’exploitation de la bauxite en Guinée
La Guinée abrite les plus grandes réserves de bauxite au monde et représente plus d’un quart de l’approvisionnement mondial, avec de grandes entreprises internationales, notamment des opérateurs chinois et russes, actives dans le secteur.
Les exportations de bauxite sont la pierre angulaire de l’économie guinéenne, générant des milliards de dollars par an et positionnant le pays parmi les principaux exportateurs de minéraux d’Afrique.
En 2023, les exportations de bauxite de la Guinée ont augmenté de 11 % par rapport à l’année précédente, la Chine en recevant la plus grande part. Le pays se classe aux côtés de l’Australie, de la Chine et du Brésil parmi les principaux producteurs mondiaux de bauxite, contribuant à environ 28 % de la production mondiale.
La bauxite est un minéral métallique essentiel à la production d’aluminium, largement utilisé dans les secteurs industriels et des infrastructures.
Selon les analystes, les principaux producteurs de bauxite de Guinée sont en passe d’extraire plus de 200 millions de tonnes en 2025, soit une augmentation de 35 % par rapport à la production record de l’année dernière.
Bien que les annulations ciblent principalement les petites entreprises peu performantes, cette mesure signale une volonté plus large du gouvernement guinéen de faire respecter les règles et de réaligner le secteur sur les objectifs de développement national.
« Cela peut être interprété comme un avertissement aux sociétés minières selon lequel le gouvernement a l’intention de voir les projets développés selon les conditions convenues », a déclaré un conseiller d’un cabinet de conseil panafricain.
Les révocations de licences s’inscrivent dans le cadre de réformes plus vastes visant à accroître les bénéfices locaux, à renforcer la surveillance réglementaire et à accroître les recettes de l’État.
Il s’agit notamment d’encourager les entreprises à établir des raffineries d’alumine sur le territoire national plutôt que d’exporter de la bauxite brute, et de renforcer les règles relatives aux obligations en matière de licences et d’investissement.