
Le Burkina Faso a rejeté une demande américaine d’accepter les personnes expulsées des États-Unis, marquant ainsi un rare rejet de l’une des politiques migratoires phares du président Donald Trump.
Le capitaine Ibrahim Traoré, un fervent critique de l’influence occidentale, a refusé une demande américaine d’accepter des migrants expulsés, soulignant la défiance croissante du gouvernement de la junte à l’égard de la pression occidentale.
La politique d’expulsion des pays tiers de l’administration Trump
Depuis le retour de Trump à la Maison Blanche, l’administration américaine poursuit une politique d’expulsion des migrants vers des pays tiers, souvent vers des nations avec lesquelles ils ont peu ou pas de liens préalables.
Ces derniers mois, plusieurs pays africains, dont l’Eswatini, le Ghana, le Rwanda et le Soudan du Sud, ont accueilli des personnes expulsées des États-Unis et ont bénéficié d’une compensation financière ou d’un régime de visa préférentiel. Le Burkina Faso, en revanche, a refusé de participer.
Le Burkina Faso cite la dignité
« Naturellement, cette proposition, que nous avons jugée indécente à l’époque, est totalement contraire au principe de dignité », a déclaré jeudi à la télévision nationale le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Karamoko Jean-Marie Traoré.
L’ambassade des États-Unis ajuste ses services de visa
Cette déclaration fait suite à l’annonce par l’ambassade des États-Unis à Ouagadougou de suspendre les services de visa réguliers pour la plupart des citoyens burkinabés.
Les futures demandes ont été transférées à Lomé, la capitale du Togo voisin, une mesure qui pourrait réduire davantage les échanges diplomatiques entre les deux pays.
À propos de ce changement, Traoré a demandé : « Est-ce une façon de nous mettre la pression ? Est-ce du chantage ? Quoi qu’il en soit… le Burkina Faso est un lieu de dignité, une destination, pas un lieu d’expulsion. »
Contexte géopolitique
La position du gouvernement militaire du Burkina Faso reflète le style de leadership du capitaine Ibrahim Traoré, qui a pris le pouvoir lors d’un coup d’État en septembre 2022.
Depuis son entrée en fonction, son administration a réduit ses relations avec la France et d’autres puissances occidentales, renforçant plutôt ses relations avec la Russie et la Chine.
Contraste régional
Le refus du Burkina Faso de répondre aux demandes américaines contraste fortement avec celui du Mali voisin, qui a récemment accueilli favorablement les investissements américains dans l’un de ses principaux projets d’exploitation aurifère.
Cet investissement fait suite à l’acquisition par le gouvernement malien d’une participation de 80 % auprès de la société australienne Firefinch Limited et souligne les différentes stratégies adoptées par les pays du Sahel dans leur engagement avec les États-Unis sur les questions économiques et migratoires.



