
Un téléphone mobile nord-coréen, introduit clandestinement hors du pays et analysé par Daily NK et la BBC , a levé le voile sur le système de censure ultra-répressif mis en place par Pyongyang pour éradiquer toute influence étrangère, notamment sud-coréenne.
L’appareil, un modèle récent utilisé par l’élite nord-coréenne, démontre comment le régime contrôle chaque aspect de la vie numérique de ses citoyens, des mots qu’ils emploient aux images qu’ils consultent.
Contrairement au reste du monde, les Nord-Coréens n’ont pas accès à internet mais à Kwangmyong , un réseau intranet national strictement filtré, où seuls les médias approuvés par le régime sont accessibles.
Le téléphone examiné révèle des mécanismes de censure automatique :
– Remplacement des termes sud-coréens : Des mots comme « Oppa » (frère aîné ou petit ami en coréen du Sud) sont corrigés en « Camarade ».
– Propagande lexicale : « Corée du Sud » devient systématiquement « État fantoche » , une expression méprisante employée par la propagande officielle.
– Surveillance permanente : L’appareil capture des écrans toutes les 5 minutes et les transmet aux autorités.
Sous Kim Jong Un, la répression contre les médias étrangers s’est accentuée, en particulier vis-à-vis de la K-pop et des K-dramas , perçus comme une menace idéologique. Un rapport du ministère sud-coréen de l’Unification, s’appuyant sur des témoignages de 649 défecteurs , confirme que les téléphones sont régulièrement fouillés par la police. La possession de contenus sud-coréens peut valoir à leurs propriétaires des camps de travail, des exécutions publiques , ou des disparitions forcées.
« Les autorites organisent des descentes surprises pour vérifier les téléphones. Si elles trouvent ne serait-ce qu’une chanson sud-coréenne, c’est la déportation immédiate » , témoigne un ancien habitant de Pyongyang ayant fui en 2023.
Malgré les risques, des clips USB et DVDs de contenus sud-coréens circulent sous le manteau, notamment via la frontière chinoise.
Daily NK rapporte que certains jeunes utilisent des antivirus pirates pour tenter d’effacer leur historique, mais les logiciels espions intégrés aux appareils rendent la tâche presque impossible.