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Infrastructures : L’Afrique, terre d’opportunités pour les investissements privés

Malgré ses ressources humaines et naturelles, le continent africain bute sur des questions logistiques pour prospérer pleinement. Selon l’ONU, quelque 150 milliards de dollars par an seraient nécessaires au développement des infrastructures en Afrique. Soit une opportunité évidente pour les investisseurs africains et étrangers.

Le ton vient d’être donné à Addis Abeba. En mars dernier, la capitale éthiopienne a accueilli une conférence des ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique, organisée par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) de l’ONU. Le mot d’ordre est clair : le continent a besoin d’investissements massifs dans ses infrastructures, principalement pour booster les échanges commerciaux avec ses partenaires internationaux et pour développer ses secteurs des transports, de l’eau et de l’énergie.

« Selon nos estimations, les besoins en infrastructures de l’Afrique se situent entre 130 et 170 milliards de dollars par an, avance Mike Salawou, le directeur du département des infrastructures et du développement urbain à la Banque africaine de développement (AfDB). L’investissement annuel moyen dans les infrastructures africaines s’élève à environ 80 milliards de dollars, ce qui laisse un déficit de financement compris entre 70 et 90 milliards de dollars. » Si des progrès ont été faits ces dernières années sur certaines infrastructures transfrontalières – l’AfDB a investi 45 milliards de dollars dans ce domaine –, beaucoup reste donc à faire.

Développer le financement privé

C’est un fait, les grandes institutions publiques internationales et africaines – comme l’AfDB, l’European Investment Bank, l’International Finance Corporation (IFC), membre du Groupe de la Banque mondiale – tirent souvent la même sonnette d’alarme. Elles concentrent l’essentiel des investissements consentis sur le continent à cause de la frilosité des investisseurs privés qui ne représentent, les meilleures années, que 10% des investissements globaux, essentiellement tirés par l’Afrique du Sud pour ses projets énergétiques. C’est donc aux investisseurs privés de débloquer le formidable potentiel que constitue le renforcement des infrastructures africains.

De nombreux fonds d’investissements non-africains sont dans les starting-blocks, d’autres sont déjà largement impliqués sur le continent. En France, le fonds de capital-investissement Meridiam a par exemple lancé le Meridiam Infrastructure Africa Fund (MIAF) en 2015, destiné aux infrastructures en Afrique subsaharienne. Dix ans plus tard, l’objectif de 10 milliards de dollars d’investissement est en passe d’être atteint. Tous les secteurs sont concernés, tant les besoins sont évidents dans les infrastructures portuaires, routières et aéroportuaires, la production d’énergie renouvelable les data centers ou les réseaux internet. « Nous espérons contribuer à un impact social et économique positif tangible sur les communautés des townships en leur fournissant une connectivité internet fiable, abordable et rapide », résumait ainsi début 2025 Marie Lam Frendo, associée chez Meridiam et directrice de la stratégie, dans le cadre d’un projet de déploiement de la fibre en Afrique du Sud. Toutefois, si le potentiel est là, Meridiam déplore un problème de taille : la préparation des projets. L’écrasante majorité d’entre eux ne voient en effet jamais le jour.

Infrastructures : L’Afrique, terre d’opportunités pour les investissements privés

Favoriser les investissements africains

Selon les chiffres du cabinet américain McKinsey en effet, seuls 10% des projets initiés atteindraient le stade de la clôture financière. Le taux d’échec constitue un écueil évident et freine souvent les velléités d’investisseurs européens, nord-américains ou asiatiques, privés comme publics. Attirer des investissements massifs de l’étranger passera nécessairement par la confiance qu’inspirent les investisseurs africains eux-mêmes. C’est en tout cas ce que croit Vincent Le Guennou, directeur général du nouveau Fonds d’accélération pour les infrastructures d’Africa50 – un fonds de capital-investissement d’une durée de 12 ans –, qui réclame lui aussi des investissements importants pour combler le déficit de financement des infrastructures en Afrique : « Sur les 17 investisseurs qui se sont engagés à participer à la première clôture du fonds, 16 sont des investisseurs institutionnels africains, ce qui est unique à ma connaissance. Nous pensons qu’il sera plus facile d’attirer des investisseurs institutionnels non africains maintenant qu’ils peuvent constater que les investisseurs africains eux-mêmes croient fortement au continent et aux infrastructures qui s’y trouvent. » C’est cet effet boule de neige que les spécialistes de l’Afrique veulent provoquer.

La part des financements privés en Afrique reste donc très minoritaire, mais a enregistré néanmoins « des progrès impressionnants » ces dix dernières années, selon un rapport de l’African Private Equity and Venture Capital Association (AVCA), une organisation panafricaine dédiée au capital-investissement et au capital-risque, paru en février dernier. Principalement grâce à des simplifications réglementaires et au développement des PPP (partenariats publics-privés). Selon l’AVCA, les trois principaux secteurs concernés sont les énergies renouvelables, les télécoms et les infrastructures numériques, et attirent 81% de la valeur des transactions et des capitaux privés. Pour une valeur de près de 40 milliards de dollars par an. Un chiffre certes encourageant, mais bien loin encore des besoins réels des économies africaines.\

Si l’AVCA se veut optimiste, elle n’en reste pas moins réaliste. Selon elle, le déficit de financement dans les infrastructures africaines reste un problème majeur. Pour la période 2024-2028, l’Afrique – le deuxième continent le plus peuplé – n’investira dans ses infrastructures qu’en moyenne 165 milliards de dollars par an. Contre la bagatelle de 1775 milliards pour l’Asie. Un grand-écart qu’il faudra de toute évidence combler pour tirer profit du formidable potentiel du continent africain

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