
Les procureurs belges s’apprêtent à inculper Etienne Davignon (92 ans), un ancien diplomate accusé d’être impliqué dans le meurtre du révolutionnaire congolais Patrice Lumumba.
Selon le parquet, l’accusé aurait été impliqué dans la « détention et le transfert illégaux » de l’ancien chef d’État congolais, qui aurait été injustement emprisonné et soumis à des « traitements humiliants et dégradants ».
L’agence de presse AFP a révélé que Davignon est le seul survivant des dix Belges soupçonnés d’être impliqués dans l’assassinat de Lumumba.
Il a occupé le poste de vice-président de la Commission européenne tout au long des années 1980 et était diplomate stagiaire au moment du meurtre.
Comme le rapporte la BBC , en 2011, les enfants de Lumumba ont déposé une plainte en Belgique pour demander justice pour le meurtre de leur père à l’âge de 35 ans.
Une audience est prévue en janvier 2026 pour déterminer s’il doit être jugé.
La nouvelle a été accueillie favorablement par Juliana, la fille de Lumumba, qui a déclaré à la RTBF : « Nous allons dans la bonne direction. Ce que nous recherchons, c’est avant tout la vérité. »
La vie de Patrice Lumumba
Patrice Lumumba, né en 1925 au Congo belge, était un farouche dirigeant anticolonial et le premier Premier ministre d’un Congo indépendant.
Orateur puissant et visionnaire, il a dirigé le Mouvement national congolais et a joué un rôle central dans l’obtention de l’indépendance du pays vis-à-vis de la Belgique le 30 juin 1960.
Son discours passionné du jour de l’indépendance, dans lequel il dénonçait la cruauté du colonialisme belge, a choqué les dirigeants occidentaux et l’a présenté comme une menace pour les intérêts étrangers.
Quelques mois après l’indépendance, le Congo sombrait dans la crise.
La province du Katanga, riche en minéraux, soutenue par les intérêts belges, a déclaré sa sécession.
Alors que Lumumba recherchait l’aide soviétique pour défendre l’unité du Congo, les puissances occidentales, dont les États-Unis et la Belgique, devinrent de plus en plus hostiles.
Il fut bientôt renversé par un coup d’État mené par le colonel Joseph Mobutu, qui bénéficiait du soutien occidental.
Lumumba fut arrêté, humilié et finalement livré aux sécessionnistes katangais. Le 17 janvier 1961, il fut fusillé aux côtés de deux alliés.
Son corps a été démembré et dissous dans de l’acide pour éviter qu’une tombe ne devienne un point de ralliement.
La complicité étrangère dans sa mort est aujourd’hui largement reconnue. Patrice Lumumba demeure un martyr de la libération africaine. Sa vie et son assassinat brutal symbolisent les luttes acharnées que l’Afrique a menées pour se libérer des chaînes du colonialisme.