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Procès fictif sur le parricide / Les avocats se battent pendant 4h à la Cour d’Appel de Korhogo

L’activité phare de la journée du 7 février  2025 des avocats à Korhogo aura indéniablement été l’organisation du procès fictif qui a mis aux prises des membres d’une famille brisée par un parricide. Dans une orchestration savamment menée avocats et magistrats ont tenu en haleine un auditoire subjugué par leur jeu quasi parfait.

Près de 4h, c’est le temps qu’a duré le procès fictif organisé par le Barreau ivoirien à la Cour d’Appel de Korhogo, le vendredi 7 février 2025. Un procès qui n’avait de fictif que le cas jugé. Sinon dans les faits, le jeu d’acteurs des avocats et magistrats n’avait rien à envier à un procès criminel normal.

Procès fictif sur le parricide /  Les avocats se battent pendant 4h à la Cour d’Appel de Korhogo

En présence du Premier Premier président de la Cour d’Appel et du Procureur général de la dite cour, les hommes de Me Florence Loan Messan ont mené une intense bataille judiciaire sur un parricide commis par la dénommée Sira sur son géniteur Lo Silué. Un père riche et puissant qui la violait régulièrement. A 20 ans, Sira qui n’en pouvait plus de subir ces viols répétitifs se rebelle et veut empêcher son incestueux de père d’abuser aussi de sa sœur. Une dispute s’ensuit et elle assène de violents coups à son père qui en succombe.

Procès fictif sur le parricide /  Les avocats se battent pendant 4h à la Cour d’Appel de Korhogo
Me Ouattara Zana et sa cliente Sira

A la barre, l’avocat de la partie civile, Me Momboye et le procureur ont souhaité et requis que Sira soit condamnée à 20 ans d’emprisonnement et à payer 100 millions en dommages et intérêts. Mais celle qui est décrite comme «une louve dans une peau d’agnelle » par Me Momboye et souffrant du Complexe d’Œdipe  a été défendue avec vigueur par son Conseil.

Procès fictif sur le parricide /  Les avocats se battent pendant 4h à la Cour d’Appel de Korhogo
Me Momboye au premier plan

Son avocat, Me Ouattara Zana, Docteur en Droit et Enseignant à l’Université de Daloa, s’est attelé à détruire les arguments de la partie civile et du parquet. Pour lui, dans cette affaire Sira est une victime. Une victime qui s’est défendue contre un père « indigne ». Et dont la souffrance psychologique n’a pas ému outre mesure le Parquet.

Pour la défense de sa cliente, l’avocat a évoqué le fait que le Tribunal pouvait considérer qu’elle se trouvait dans un cas de légitime défense. En ce sens que les viols répétitifs du père constituaient un danger permanent pour Sira. Une Sira qui s’est retrouvée dans un cas de nécessité pour agir. C’était lui ou elle qui devait disparaître et elle a préféré sauver sa vie en estompant celle de son père, a expliqué Me Ouattara Zana. Il a donc demandé qu’elle bénéficie de circonstances atténuantes si la Cour allait en condamnation. Enfin, il a plaidé l’excuse absolutoire pour montrer à la Cour que celle-ci pouvait ne même pas condamner sa cliente.

Procès fictif sur le parricide /  Les avocats se battent pendant 4h à la Cour d’Appel de Korhogo

Les applaudissements nourris à la fin de sa plaidoirie ont montré toute l’attention du public pour ce procès fictif. Une sensibilisation, une information, un enseignement et surtout le rôle des avocats dans un procès, tel fut le but de cette mise en scène autour des Articles 378, 379 et 387 du Code Pénal.

Me Momboye, avocat de la partie civile, Me Ouattara Zana, avocat de la défense, Me Nguessan Bernice (Madame Silué ), Me Oulai Hermance ( Sira ) et surtout Me Slakan Elodie ( servante venue de Tiébissou et témoin dans l’affaire ) ont surpris leurs confrères et le public par leur jeu. A la fin de ce procès fictif, les avocats ont offert des présents aux autorités judiciaires de la ville de Korhogo.

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