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Inspiration : dix ans après, il revient dans son village natal et apporte l’eau potable

Au Cameroun, en région rurale, 47 % de la population n’a pas accès à une source d’eau potable. Face à ce constat, Franck Eben Onambele, un jeune camerounais de 28 ans est parti faire ses études aux États-Unis. Il a décidé de revenir tous les étés dans sa région, près de la capitale Yaoundé, pour y construire des forages et améliorer la vie des habitants.

Franck Eben Onambele a passé toute son enfance à Oyak, en périphérie de Yaoundé. Il quitte son pays pour les États-Unis 2005, où il intègre un cursus d’agriculture et développement à l’Université de Cornell, à New York.

En 2013, il est revenu pour la première fois dans son quartier et constate alors que depuis son départ, aucune infrastructure n’a été mise en place pour améliorer l’accès à l’eau. Il décide alors de créer « One Summer One Well » (« un été, un puits »), un projet de construction de forages dans sa région natale.

« Un forage peut alimenter en eau 40 familles »
Quand j’étais petit, je faisais tous les jours quelques kilomètres à pied pour aller puiser de l’eau. Ça me paraissait normal. En revenant chez moi quelques années plus tard, je me rappelle avoir vu une femme enceinte, presque à terme, porter deux lourds seaux d’eau et les rapporter chez elle en remontant une colline boueuse. Je l’ai aidé et je me suis senti vraiment gêné. Moi, j’ai de la chance, j’ai pu partir vivre dans un pays où personne n’a besoin de faire tout cela pour boire ou se laver.

Il faut ajouter à cela que l’eau que les habitants puisent n’est pas toujours potable. Par exemple, beaucoup vont dans les rivières, alors même que l’eau des rivières sert aussi à se laver et est parfois polluée par les déchets. De retour dans mon université aux États-Unis, j’ai lancé une campagne de financement participatif en ligne avec l’aide de plusieurs étudiants de mon école. Nous avons établi un budget comprenant le matériel, la construction, la main d’œuvre, la maintenance : au total, pour un forage d’eau potable, il nous faut 10 000 dollars.
Nous avons réussi à obtenir les fonds et à l’été 2014, je suis parti au Cameroun construire un premier puits à Oyak avec l’aide d’une entreprise spécialisée dans les forages pour trouver le bon emplacement. Au bout d’un an de fonctionnement, j’ai pu remarquer que ce puits était un succès : il permet d’avoir accès à une eau saine en grande quantité : environ 1 500 litres d’eau par jour. Au total, une quarantaine de familles peuvent vivre de ce forage.

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« Je n’avais aucun soutien ».

J’ai donc renouvelé l’expérience la deuxième année dans le quartier voisin de Nkoayos grâce à des dons de mon école et de mécènes privés. Cet été, j’ai construit un troisième puits à Nkoabang, toujours en banlieue de Yaoundé. Ce projet n’a pas été simple à mener. D’abord parce que je n’avais aucun soutien, à part celui de mon école. J’ai envoyé des messages à des associations humanitaires, mais personne ne m’a répondu. Ensuite, sur place, il a fallu convaincre les habitants de ce que j’étais en train de faire. Même si je suis originaire de cette région, il fallait gagner la confiance des habitants. Finalement, quand les gens ont compris ce que ça pouvait leur apporter, ils sont tous venus aider à la construction !
Pour le moment, je suis complètement bénévole. J’ai fini ma licence d’agriculture et développement et j’ai pris une année sabbatique pour me concentrer sur mes projets. J’espère pouvoir monter une entreprise pour construire des forages dans d’autres pays d’Afrique subsaharienne et organiser des formations pour aider les citoyens à monter des projets similaires.

Pour faire connaître son projet, Franck poste régulièrement des informations et des photos concernant les constructions de puits sur la page Facebook de « One Summer One Well ».

Il participe également à des conférences dans son école, pour présenter son projet. Il espère ainsi susciter l’intérêt des investisseurs et des organisations internationales, mais aussi donner envie à d’autres étudiants de s’engager pour leur communauté.

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