
L’Éthiopie s’apprête à achever la construction de son nouveau quartier général de la marine dans la capitale, marquant une étape majeure dans ses ambitions de rétablir une force navale nationale, malgré son enclavement depuis plus de trois décennies.
Selon Sputnik Africa, l’installation navale éthiopienne dans la région de Janmeda à Addis-Abeba serait achevée à 95 %.
Le site de 3 hectares comprend un complexe de quatre étages qui abritera des bureaux administratifs, une clinique médicale, des salles de réunion, des installations sportives et d’autres infrastructures de soutien, le projet étant en bonne voie d’achèvement comme prévu.
Cette évolution s’inscrit dans la stratégie plus large de l’Éthiopie visant à se réaffirmer en tant que puissance régionale dans la Corne de l’Afrique.
Bien que l’Érythrée soit enclavée depuis son indépendance en 1993, les autorités éthiopiennes affirment que les capacités maritimes sont cruciales pour protéger les routes commerciales, répondre aux menaces maritimes mondiales et garantir l’accès aux eaux internationales via les ports alliés de Djibouti et du Soudan.
L’accord entre l’Éthiopie et la Russie
Rappelons qu’en mars 2025, l’Éthiopie a signé un accord de coopération avec le gouvernement russe pour soutenir le développement et la formation navals.
Cet accord fait suite à l’effondrement d’un précédent partenariat naval avec la France, initié en 2018 après que le Premier ministre Abiy Ahmed a annoncé son intention de relancer les forces navales du pays.
Le partenariat russo-éthiopien a été forgé lors d’une visite de haut niveau du commandant en chef adjoint russe, l’amiral Vladimir Vorobyev, dans les installations navales éthiopiennes et dans un centre de formation à Bishoftu, où il a promis le soutien de Moscou à la formation du personnel et au renforcement des capacités navales de l’Éthiopie.
Cette évolution s’inscrit dans un contexte d’engagement militaire russe croissant en Afrique. Au-delà de l’Éthiopie, Moscou a renforcé sa présence dans des pays comme le Mali, fournissant des véhicules blindés lourds et, semble-t-il, renforçant ses infrastructures militaires.
Les analystes voient dans le regain d’intérêt de l’Éthiopie pour sa puissance navale un changement plus large de sa politique de défense et de sa politique étrangère. Si les critiques s’interrogent sur la faisabilité des opérations navales pour un État enclavé, les responsables éthiopiens affirment qu’une marine bien entraînée est essentielle à la sécurité nationale et à la stabilité régionale.
Historiquement, l’Éthiopie a maintenu une force navale jusqu’en 1993, avec accès à la mer Rouge via l’Érythrée.
Depuis la perte de son littoral, le pays dépend fortement du port de Djibouti pour son commerce maritime. L’initiative actuelle témoigne d’un effort visant à reconstruire des capacités perdues depuis longtemps et à s’adapter à l’évolution du paysage sécuritaire régional.