Bioguard : une innovation française s’impose aux quatre coins du monde

Dans le domaine fiduciaire, deux arguments font la différence lors des appels d’offres émis par les banques centrales pour l’émission de nouvelles coupures : la sécurité face aux risques de falsification des billets, et dans une moindre mesure, l’hygiène, comme l’a démontré la crise sanitaire du COVID-19 en 2020. Référence mondiale dans le domaine de la sécurité parmi quelques acteurs triés sur le volet, le fabricant français Oberthur Fiduciaire semble faire cavalier seul sur le plan de la protection sanitaire grâce à son procédé Bioguard.
Les fake news lors de la pandémie de COVID-19 en 2020-2021 sont encore dans toutes les têtes. Parmi elles, celle des billets de banque comme vecteur de contagion. Même la très sérieuse Organisation mondiale de la santé (OMS) s’y était mise, avant de faire machine arrière. En cette période d’incertitude et de confusion, la vérité avait finalement triomphé : les billets de banque n’étaient pas les grands fautifs annoncés. D’après la mission COREB du ministère français de la Santé, la durée de vie des virus sur les billets était même très restreinte, et deux fois moins longue sur des billets traditionnels en fibres de papier-coton que sur les billets en polymère ou cartes de crédit en plastique où les virus peuvent « vivre » plus longtemps.
Parmi les grands fabricants internationaux de billets de banque, l’entreprise française Oberthur Fiduciaire compte pas moins de 70 banques centrales parmi ses clients. Sur le continent africain, on note par exemple la République démocratique du Congo, le Burundi ou le Botswana. Pour ce dernier pays, l’une des raisons de ce choix n’est autre que le procédé virucide, bactéricide et fongicide appelé Biouard, mis au point par Oberthur Fiduciaire et qui garantit la protection des utilisateurs des billets en circulation, face aux risques de contagion.
Des billets bien protégés
C’est une autre épidémie – celle de la grippe aviaire H1N1 – qui avait amené Oberthur à mettre au point le procédé antiviral Bioguard en 2009. « Avec cette fonction autodésinfectante, nous accélérons la mort du virus, en quelques heures ou jours, explique Henri Rosset, le directeur du centre de recherche d’Apprieu et inventeur de la technologie, selon les conditions et les surfaces, et nous réduisons le risque de contamination. Après cinq ans, le procédé est encore actif sur des billets mis en circulation dans des conditions tropicales. Bioguard est, évidemment, conforme au règlement européen sur les produits biocides et, dans les conditions de test ISO 21702-2019 et ASTM E 1053-97, la concentration virale est réduite d’au moins 100 fois par rapport aux surfaces non traitées. » Concrètement, il s’agit soit d’un traitement directement intégré dans les fibres de papier, soit d’un vernis recouvrant ledit papier de banque. Ce n’est probablement pas un hasard si la Banque centrale de la République démocratique du Congo a fait appel à Oberthur Fiduciaire pour la fabrication de nouveaux billets en 2021. Ce pays d’Afrique centrale est confronté à plusieurs maladies transmises par le toucher comme le terrible Mpox, considéré par l’OMS comme une « urgence de santé publique de portée internationale ». Les billets de banque en circulation là-bas sont donc écartés de la liste des suspects de la transmission de la maladie, grâce à Bioguard.
Fruit du travail du laboratoire de recherche et développement d’Oberthur Fiduciaire, Bioguard a donc déjà fait ses preuves sur le terrain dans le cadre des échanges de biens et de services, avec comme garantie essentielle de protéger à la fois les utilisateurs, mais aussi l’environnement. « Bioguard a été conçu et développé depuis plus de quinze ans avec pour objectif de protéger les utilisateurs de billets de banque contre de possibles contaminations par des virus, bactéries ou champignons microscopiques, avance Nicolas Koutros, directeur Général Adjoint d’Oberthur Fiduciaire. Les billets de banque ne sont pas des agents particulièrement propagateurs de virus, mais afin d’écarter définitivement toute ambiguïté, de proposer toujours mieux à ses clients et de rassurer les milliards de personnes qui manipulent de l’argent liquide quotidiennement, Oberthur Fiduciaire, notre maison-mère, a mis au point un procédé très efficace contre les virus et bactéries. » Selon le dirigeant, quelque 10 milliards de billets de banque ont ainsi été « bioguardisés » de par le monde et notamment en Afrique. À noter que l’entreprise française a eu la volonté de partager également son savoir-faire, certains de ses concurrents utilisant ce procédé sous licence, comme Louisenthal, SICPA ou encore Crane.
Des applications multiples
Mais la plus-value du procédé Bioguard reste sa polyvalence : s’il a été mis au point initialement pour protéger les billets de banque, ses applications sont bien plus vastes. Et là encore, les enseignements tirés de l’épidémie de COVID-19 sont venus attester ses propriétés virucides et bactéricides. La pandémie mondiale avait en effet mis en exergue tous les vecteurs de contamination, à commencer par tout ce que nous touchons dans notre vie quotidienne : poignées de porte, barres dans les transports en commun, écrans tactiles dans l’espace public, tables dans les espaces partagés comme les restaurants ou les réfectoires, emballages plastiques, cartons… la liste est longue.
En 2021, au cœur de la tempête du coronavirus, cette fonction « autodésinfectante » est alors plébiscitée avec une formule anti-COVID permettant de diviser en quelques heures par 500 à 1000 le nombre de virus sur des surfaces. « On évite ainsi à la surface ou au matériau de devenir un nid à microbes, remarque Henri Rosset, le père du procédé Bioguard. Les propriétés de base du matériau sont maintenues. Bioguard ne génère aucune modification d’aspect. » La solution s’applique de différentes manières, pour être finalement intégrée au matériau : par induction sur des matières plastiques, par vernis sur du bois, ou par pulvérisation pour le traitement du papier et du carton.
Et ce sont bien ces applications qui devraient répondre aux besoins des pouvoirs publics de notre continent, tant les menaces d’épidémie sont nombreuses, comme on l’a déjà vu avec le Mpox en République démocratique du Congo, ou encore plus récemment avec le virus mortel de Marburg – qui se propage au Rwanda – pour lequel il n’existe pas de thérapies ou de vaccins certifiés. Reste alors la prévention et la protection de notre environnement direct : se laver les mains très fréquemment, et protéger les surfaces que nous touchons avec des outils innovants comme Bioguard. Les solutions existent, autant les appliquer.